FootballLudovic Magnin: «Bizarre de rentrer dans le Stade olympique»
Après un début de saison réussi, le Lausanne-Sport et son nouvel entraîneur se «déplacent» à la Pontaise samedi à 18 heures. L’occasion de faire après un quart du championnat de Challenge League.
- par
- Robin Carrel
Vous connaissez forcément bien le SLO, vous l'avez joué en Championnat, en amical il y a peu...
De nos jours, nous connaissons bien tous les adversaires. Mais les qualités que le Stade a, ce sont des qualités qui vont faire que le match sera intense. Les Stadistes ont un super pressing, ils mettent beaucoup d'intensité... C'est aussi pour ça que le LS a joué un match amical contre eux lors de la pause internationale: parce qu'on savait qu'on ne perdrait pas le rythme en jouant contre eux. C'est une équipe jeune, courageuse. Et puis cette saison, on n'a pas encore réussi à les battre. Ça montre aussi que nous aurons une partie très difficile samedi. Nous, on se concentre sur nous. Le match aller, ç'avait été un 0-0 très animé et qui aurait pu se finir avec beaucoup de buts des deux côtés. A la Pontaise, nous essayerons de passer l'épaule pour la première fois de la saison.
Jouer à la maison au Stade olympique, pas grand monde du LS actuel ne l'a fait, finalement.
Pour mes gars, la Pontaise ce n'est plus la même connotation que pour moi, par exemple. Leur maison, c'est la Tuilière. Moi, ça me fait bizarre de rentrer dans le Stade olympique parce qu'à part la couleur des portes qui a été changée, l'enceinte reste la même, les murs sont pareils... Deux-trois toits se sont construits depuis mon époque, mais je m'y revois quand j'avais 16 ans! Bien sûr que ce sera un match spécial pour moi et pour l'équipe aussi. Car on retourne sur un terrain en herbe, ce qu'on n'a pas fait depuis des mois. Il y aura donc un temps d'adaptation qu'il va falloir bien gérer.
Vous vous êtes entraînés sur gazon, du coup?
Juste jeudi et vendredi. Parce que si nous y allons trop longtemps avant, il y a un risque de blessure. Et comme actuellement je n'ai aucun blessé (ndlr: sauf bien sûr l'absence de longue durée du capitaine Stjepan Kukuruzovic)... Le plus gros risque de se faire mal, c'est en changeant de surfaces de jeu. Je préfère donc prendre le risque de ne pas être parfaitement préparé au terrain en herbe, plutôt que d'avoir des blessés dans une ou deux semaines.
Le LS est sur une bonne série. Mais vous, où en êtes-vous de votre construction du collectif, de ce que vous voulez faire de ce groupe? Vous estimez être dans les temps, un peu en avance...
Souvent, on se fait un plan dans la tête. Mais ça ne se passe jamais comme on l’avait prévu. Sauf qu'actuellement, on n'en est pas loin (rires)! C'est la première fois de ma carrière que tout se passe à peu près comme prévu. On touche du bois, parce que ça peut très vite tourner. L'idée, c'était de stabiliser d'abord l'équipe sur le plan défensif et ça, nous l'avons bien réussi. Nous avons la meilleure défense du championnat. Ça montre qu'on défend bien. Après, au fil des matches, avec la confiance que nous avons dans nos bases arrières, à nous de trouver plus de solutions offensives. Au début, on n'a pas beaucoup marqué parce qu'on s'était concentrés sur la phase défensive. Et maintenant, nous marquons trois buts, trois buts et quatre buts... Ça commence à venir. Dans la possession, nous sommes bien. Nous avons un bon mélange actuellement entre les moments où on essaie de dominer le match, ceux où tente de laisser venir l'adversaire pour le contrer. Ça se passe bien. Maintenant, c'est certain, il y a des phases dans les matches où on peut faire mieux. Si je prends la partie contre Wil, la première mi-temps ne m'a pas convaincu. Mais en tant que coach, c'est intéressant d'arriver à être «pénible» et de pouvoir critiquer 15-20 minutes d'un match gagné 4-0.
A quel point pensez-vous que la personnalité du Ludo Magnin a aidé à restaurer l'image du LS?
Ce sont des questions que je ne me pose absolument pas. Moi, depuis que j'ai signé mon contrat, je viens avec le sourire au stade. Mes gars ont du plaisir, nous rigolons beaucoup, ça travaille dur et longtemps. Les journées sont longues en début de semaine, mais les joueurs ne s'en plaignent pas trop. Ce sont des choses que les journalistes se demandent, bien plus que moi-même ou le LS. Nous, nous faisons notre truc, en essayant de corriger ce qui n'avait pas fonctionné par le passé. Les choses que j'avais entendues et qui étaient reprochées au Lausanne-Sport. J'avais un immense avantage, en ayant grandi ici, c’est d'avoir tellement d'amis et de personnes que je connais qui me racontaient ce qu'il se passait. Ensuite, j'ai pu me faire une idée par moi-même et essayer de comprendre. En venant, je me suis dit: «je suis comme je suis et on va bosser comme ça.» Un mélange entre ce que j'ai vécu en Allemagne, en Italie et en Suisse romande. Ce sont trois cultures qui ont des aspects du football très intéressants, si tu arrives à les mélanger. Pour le moment, la mayonnaise a bien pris. Mais bon, la saison est encore longue, il reste trois tours. Si on m'avait dit au départ qu'on allait faire une première ronde comme celle-là, avec les gens qui reviennent au stade et qui le font avec le sourire, et qui sont prêts à revoir un ou deux matches «dégueulasses»... Ça va arriver, il faudra l'accepter, on va encore connaître des défaites. Mais moi j'aurais signé tout de suite pour commencer ainsi.
Et il y aussi votre évolution en tant que coach. On l'a vu avec Gerardo Seoane mercredi. Il paraît qu'on n'est pas un «vrai entraîneur», tant qu'on ne s'est pas fait virer...
Bon, moi à Zurich, c'était après trois ans là-bas, en plein Covid... Il y avait beaucoup de choses. Je pense que le coronavirus, je ne l'avais pas bien géré. Mais en même temps, personne n'avait eu quelque chose comme ça à gérer et certains l'ont fait mieux que moi. Ça se faisait au feeling plutôt que sur l'expérience. Je l'ai dit et répété, je pense que lors de mon licenciement, c'était le «bon moment» pour tout le monde. Que ce soit du côté du club, qui a pris la bonne décision, ou de mon côté. Ça faisait dix ans que j'étais à Zurich, presque trois ans avec la première équipe... L'effectif ne changeait pas trop et on sait, en tant que coach, que la troisième saison est la plus compliquée. Soit tu changes quatre, cinq ou six joueurs pour avoir du sang frais, soit tu changes toi. Avec le Covid, on n'avait pas pu faire de transferts, donc c'était un peu à prévoir. J'ai toujours dit, depuis que je me suis lancé dans ce job, que quand tu signes ton contrat, tu signes aussi ton licenciement. Je ne me prends pas la tête, je suis là avec le sourire et le jour où je me ferai virer du LS il n'y aura pas de soucis. J'espère que ce sera le plus tard possible. J'étais dans le même moule à Altach, où tout le monde nous donnait perdants. Où tout m'avait enterré même avant mon arrivée en Autriche. On a quand même réussi à se sauver et je n'ai pas été viré de là-bas. Mais ça reviendra, le licenciement. Ça arrive dans ce métier.