Assassinat de KhashoggiPour l’Arabie saoudite, il est inutile d’épiloguer sur cette affaire
Samedi, un ministre saoudien a fait sèchement savoir que l’assassinat du journaliste était une «tragédie» et qu’il fallait passer à autre chose.
Critique du pouvoir après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné dans le consulat saoudien d’Istanbul en 2018. Les services de renseignement américains ont pointé la responsabilité du prince héritier Mohamed ben Salmane, envenimant les relations entre Ryad et Washington. Surnommé MBS, le dirigeant de facto du royaume, recevait le président américain vendredi. Il lui «a expliqué qu’il s’agissait d’une tragédie pour l’Arabie saoudite», selon le ministre d’État aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir.
Le prince héritier a assuré que «les responsables avaient fait l’objet d’une enquête, avaient été confrontés à la justice et payaient désormais pour le crime», a ajouté Jubeir dans une interview avec CNN. Interrogé sur un rapport du renseignement américain désignant MBS comme le commanditaire de l’opération, le ministre saoudien a lancé: «Nous savons bien ce qu’avait conclu le renseignement à propos des armes de destruction massive de Saddam Hussein», qui n’ont jamais existé.
«Un tel incident peut arriver partout dans le monde»
Le responsable saoudien a par ailleurs mis en avant les «erreurs» des États-Unis, citant l’affaire d’Abou Ghraib, cette prison irakienne où des militaires américains ont pratiqué torture et traitements humiliants. Cité par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, un responsable saoudien anonyme a par ailleurs assuré que l’affaire Khashoggi avait été évoquée «rapidement» lors de la réunion avec Joe Biden, soulignant qu’«un tel incident (pouvait) arriver partout dans le monde».
Un tribunal saoudien a condamné en 2020 huit hommes à entre sept et vingt ans de prison pour l’assassinat du journaliste. Ali Shihabi, un expert proche du gouvernement saoudien, a lui assuré que le prince héritier avait répondu à Joe Biden en «soulignant le double langage des Américains, faisant beaucoup de bruit à propos de Khashoggi tout en essayant de minimiser l’assassinat de Shireen Abu Akleh», journaliste américano-palestinienne tuée en mai par un tir israélien selon l’ONU.
«À part cet échange franc, la réunion a été très cordiale», a-t-il assuré à l’AFP. Joe Biden subit une avalanche de critiques pour sa rencontre avec MBS, après avoir promis durant sa campagne de mettre les droits humains au cœur de sa diplomatie.