Budget 2024La France veut une nouvelle taxe sur les autoroutes
Mercredi, le gouvernement français a présenté son budget pour l’an prochain et les divers aménagements prévus.
Le projet de budget pour 2024 ambitionne de répondre aux «trois défis» que sont le désendettement de la France, la lutte contre l’inflation et les investissements requis pour la transition écologique, a estimé mercredi le ministre des Finances, Bruno Le Maire.
«Nous devons (…) piloter nos finances publiques en relevant ces trois défis», a déclaré Bruno Le Maire, à la presse, avant la présentation du prochain budget en Conseil des ministres, évoquant «un contexte inflationniste qui brouille tous les repères».
Bruno Le Maire a appelé la majorité présidentielle à faire preuve de «responsabilité» lors des débats sur le budget 2024 au Parlement, un an après les débats enflammés provoqués par un amendement du MoDem sur la taxation des «superprofits».
Hausse des fonctionnaires
Les crédits pour l’armée, la police et la justice seront en hausse de près de 5 milliards d’euros en 2024, dont plus de 3 milliards pour la Défense. La transition écologique gagne comme prévu 7 milliards d’euros supplémentaires. Le budget de la Justice 500 millions, et celui de l’Intérieur un milliard. Le budget de l’Enseignement scolaire augmentera de 3,9 milliards d’euros, permettant notamment de mettre en œuvre la revalorisation générale du traitement des enseignants.
Les effectifs de l’État seront en hausse de 8273 agents en 2024, indique mercredi Bercy, dans ses documents budgétaires pour 2024, avec des augmentations marquées du côté des missions du maintien de l’ordre, police et justice notamment, et de la transition écologique.
Le nombre d’agents de l’État et de ses opérateurs en équivalent temps plein (ETP) augmente ainsi de 2681 pour le ministère de l’Intérieur, et de 1961 pour celui de la Justice. Ces hausses sont inférieures toutefois à celles de l’an dernier. En revanche, les effectifs de la Transition écologique augmentent de 732 emplois en 2024, au lieu de 45 en 2023.
Nouvelle taxe
Le gouvernement prévoit d’instaurer en 2024 une nouvelle taxe sur les concessions autoroutières et les grands aéroports, qui doit rapporter 600 millions d’euros annuels (quelque 580 millions de francs). «Le meilleur des financements» pour les investissements en matière de transition écologique, «c’est de faire en sorte que ceux qui polluent davantage contribuent davantage», a déclaré le ministre des Finances, Bruno Le Maire. Il a assuré que cette augmentation de la fiscalité ne se répercuterait «pas sur l’usager» grâce au maintien des tarifs de péage.
«Une hausse des taxes, c’est inévitablement une hausse des tarifs des péages», a réagi le président de Vinci Autoroutes, Pierre Coppey. Augmenter la fiscalité «serait non seulement une violation de la parole de l’Etat» mais aussi «un contresens à un moment où il est urgent d’investir pour décarboner la route», a soutenu Vinci, dans un message transmis à l’AFP.
Le groupe Aéroports de Paris (ADP) prévoit aussi de «répercuter» progressivement sur les compagnies aériennes la majorité de la taxe sur les grands aéroports français, a-t-il indiqué mercredi. ADP estime qu’environ 75% des coûts seraient ainsi répercutables, mais indique dans un communiqué que «la hausse des tarifs» des redevances versées par les compagnies aériennes «serait échelonnée sur deux à trois ans». Le groupe estime à 90 millions d’euros l’impact de cette taxe sur son bénéfice d’exploitation en 2024.
Lever 285 milliards de dette
L’État français compte aussi lever 285 milliards d’euros de dette sur les marchés financiers en 2024, un record après 270 milliards d’euros en 2023, a annoncé l’Agence France Trésor en marge de la présentation du budget de l’an prochain. En 2024, l’État doit trouver au total 299,7 milliards d’euros, un montant en baisse par rapport à 2023 sous l’effet de la réduction du déficit budgétaire.
Le budget 2024 du ministère de l’Éducation nationale, premier de l’État, est en hausse de 3,9 milliards d’euros (+6,5%) à 63,6 milliards d’euros, selon les documents budgétaires de Bercy publiés, un budget «historique», a commenté le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal.