Hockey sur glaceLe HC La Chaux-de-Fonds apprend plus vite que son ombre
Les Abeilles de Lucas Matewa impressionnent depuis le début du barrage de promotion/relégation face au HC Ajoie. En pleine confiance, ils font largement mieux que de se défendre jusqu’à présent. Explications.
- par
- Chris Geiger
Le HC La Chaux-de-Fonds est à mi-chemin d’un bonheur incommensurable. Mais les Abeilles, qui se déplacent ce mardi soir (20h) à Porrentruy pour l’acte III du barrage de promotion/relégation, sont conscientes que le plus dur reste à faire et que le HC Ajoie ne tombera pas sans lutter.
Mais si le HCC fait, pour l’heure, la course en tête dans cette série au meilleur des sept matches, c’est tout sauf un hasard. Les hommes de Louis Matte ont remporté les deux premiers duels de ce derby de l’Arc jurassien car ils ont été supérieurs à l’équipe de National League tant dans l’attitude que dans le jeu, sans oublier de meilleures dispositions sous les casques.
«L’aspect mental a fait la différence jusqu’à présent, confirme Lucas Matewa. On a abordé ce barrage avec la volonté de gagner, en sachant qu’on a rien à perdre. Du côté d’Ajoie, ils savent qu’ils ne peuvent pas perdre et qu’ils ne peuvent pas descendre. Je pense qu’ils ont une énorme pression, qui doit être très dure à gérer.»
À la hauteur
Du côté des Mélèzes, le défenseur au No 74 et ses partenaires se sont surtout rassurés lors des deux premières parties face au club de l’élite. Ils ont constaté que la recette qui leur a permis de brillamment décrocher le titre national dans l’antichambre de l’élite leur permettait aussi d’être à la hauteur de l’événement et de rivaliser avec Ajoie.
«On sait qu’il y a un certain gap entre les deux divisions, reconnaît l’arrière de 23 ans. Je n'appréhendais pas ce barrage car on a prouvé, avec Olten, qu’on était au-dessus en termes de niveau en Swiss League. L’une des grandes différences entre la National League et la Swiss League est la vitesse. Et c’est justement la principale qualité qui nous caractérise. Dans le hockey moderne, quand tu as la vitesse, tout devient un poil plus facile car elle te permet de bénéficier de quelques secondes supplémentaires.»
En totale réussite, les Abeilles sont invaincues à domicile depuis 18 sorties. Elles ont même remporté 29 de leurs 31 dernières rencontres. Une incroyable spirale positive qui permet aux Chaux-de-Fonniers de patiner avec ce rare sentiment que rien ne peut leur arriver.
«À titre personnel, je me sens à l’aise quand je suis sur la glace, convient Lucas Matewa. Le fait de savoir que le côté chance est aussi un peu avec toi te permet de tenter quelques trucs et de jouer un peu plus au hockey. Ça se voit sur la glace: on est tous avec le sourire et c’est ce qui plaît au public. On leur donne du spectacle, avec des goals et du beau jeu. Il ne faut toutefois pas se laisser emporter par ce plaisir, ni par une certaine fantaisie.»
Car en face, bien que blessée, la formation jurassienne reste une équipe de National League. Et elle possède cette capacité de punir le «petit» au moindre cadeau qu’il lui est offert. «Les deux premiers actes nous ont aussi permis de poursuivre notre apprentissage et de constater que, 60 minutes, c’est long, concède le joueur formé au Lausanne HC et à FR Gottéron. C’est dur de jouer 60 minutes à un tel niveau, mais c’est notre travail. On va ajuster notre concentration pour les prochains matches.»
Le prochain rendez-vous est agendé à ce mardi soir, du côté de la Raiffeisen Arena. Et l’enjeu y sera énorme pour les deux équipes. «On sait que les matches 3, 5 et 7 sont toujours très importants, affirme Louis Matte. La moitié de la route est faite, mais l’autre sera encore plus difficile. À nous de ne pas donner l’espoir à Ajoie de revenir dans la série.»
Depuis le début de cette dernière, la Vouivre a encaissé plusieurs coups derrière la nuque. À commencer par la blessure jusqu’à la fin de l’exercice du top scorer et meilleur joueur du HCA, le Canadien Jonathan Hazen. «Ça constitue une grosse menace en moins car c’est un excellent joueur», confirme l’entraîneur du HCC, sans pour autant se féliciter de cette absence.
Le coach québécois peut, à l’inverse, se réjouir qu’il est en passe de remporter son duel avec Julien Vauclair en ce qui concerne la gestion des quatre étrangers (passage de 2 à 4 pour le HCC, de 6 à 4 pour le HCA). Sebastian Bengtsson, buteur samedi, et Kyle Topping ont rejoint avec brio l’incroyable Sondre Olden et Mathew Wilkins au sein de l’alignement des Abeilles.
«Les deux étrangers supplémentaires augmentent la qualité de mon contingent, constate Louis Matte. Ils amènent leur intelligence de jeu, de l’énergie et de l’intensité. Ça n’a pas été facile pour eux en play-off car ils n’ont pas joué en quarts, en demies ni en finale. Mais les gars ont accepté leur rôle et toujours tiré l’équipe. À l’entraînement, ils ont aussi joué comme des leaders. La concurrence à l’interne a fait qu’on a été capables de nous tirer toute la saison. Tout le monde veut le succès de l’équipe avant d’avoir son propre succès personnel.»
En parlant de succès, il en manque deux aux Chaux-de-Fonniers pour triompher et retrouver l’élite du hockey sur glace, 22 ans après l’avoir quittée.