Equateur: Les protestations indigènes continuent malgré l’état d’urgence

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ÉquateurLes protestations indigènes continuent malgré l’état d’urgence

La communauté indigène proteste contre la hausse des prix depuis lundi en Équateur, où l’état d’urgence a été décrété dans trois provinces.

Samedi, des routes ont été bloquées dans 14 des 24 provinces du pays.

Samedi, des routes ont été bloquées dans 14 des 24 provinces du pays.

AFP

Malgré l’état d’urgence décrété par le pouvoir en Équateur dans trois provinces après des violences lors de manifestations, la communauté indigène poursuit samedi le mouvement de protestation contre la hausse des prix, notamment du carburant.

Défiant le gouvernement, la puissante Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (Conaie), la plus grande organisation de peuples indigènes du pays, bloquait samedi des routes des provinces de Pichinca (où se trouve la capitale Quito), Imbabura et Cotopaxi.

Dix demandes

Samedi, des routes ont été bloquées dans 14 des 24 provinces du pays, selon le service intégré de sécurité ECU911, suite à la déclaration de l’état d’urgence dans ces territoires. La Conaie a demandé samedi à l’Assemblée nationale d’abroger l’état d’urgence afin de «ne pas être complice de la répression contre le peuple», a-t-elle indiqué sur Twitter.

Le président de l’Assemblée nationale, Virgilio Saquicela, a déclaré à la presse que 72 des membres de l’Assemblée avaient déposé une demande de renvoi. Il a convoqué les parlementaires pour qu’ils discutent de la question lundi et décident s’il convient d’appeler les leaders du mouvement de protestation et les responsables de l’État au dialogue.

La Constitution requiert 70 voix sur 137 à l’Assemblée de révoquer le décret du président Lasso instaurant l’état d’urgence. La Conaie exige que le gouvernement réponde à 10 demandes, notamment que les prix soient ramenés à 1,50 dollar pour le diesel et à 2,10 dollars pour l’essence, une demande rejetée par Quito.

«Défendre le pays»

Parmi ses autres revendications figurent le contrôle des prix des denrées alimentaires et la renégociation des prêts bancaires personnels de quelque quatre millions de familles. Depuis le début du mouvement, lundi, les affrontements avec les forces de sécurité ont fait au moins 83 blessés et 40 personnes ont été arrêtées, selon les autorités et les organisations indigènes.

Vendredi soir le président conservateur Guillermo Lasso a déclaré qu’il s’engageait «à défendre le pays». «Cela m’oblige à déclarer l’état d’urgence à Pichincha, Imbabura et Cotopaxi à partir de minuit ce soir» (07h00 samedi), a-t-il annoncé dans une allocution télévisée. L’état d’urgence permet de mobiliser les forces armées pour maintenir l’ordre, suspendre les droits des citoyens et instaurer des couvre-feux.

La Conaie, qui a contribué au renversement de trois présidents équatoriens entre 1997 et 2005 et avait déjà mené les violentes manifestations de 2019, a affirmé que le mouvement se poursuivrait tant que ses revendications n’auront pas été entendues.

Lances à la main

La communauté indigène représente plus d’un million des 17,7 millions d’habitants de l’Équateur. Leonidas Iza, le chef de la Conaie, a prôné «la lutte au niveau national, indéfiniment». Il avait auparavant appelé à la fin de la violence et du vandalisme.

Les prix du carburant ont fortement augmenté en Équateur depuis 2020, passant de 1 à 1,90 dollar par gallon (3,8 litres) pour le diesel et de 1,75 à 2,55 dollars pour l’essence. Le mouvement de protestation, auquel se sont joints des étudiants et travailleurs, a entraîné le blocage de l’accès à deux principaux marchés d’approvisionnement de Quito, et de nombreuses routes.

Lances à la main, des indigènes amazoniens ont aussi occupé temporairement les sièges des gouvernements locaux dans les provinces de Pastaza et Morona Santiago (sud-est), proches du Pérou. À Quito, près de 1000 manifestants ont tenté d’arracher les clôtures métalliques entourant le siège présidentiel.

Mesures «dérisoires»

Les producteurs de fleurs, l’un des principaux produits d’exportation de l’Équateur, se sont plaints vendredi qu’en raison des barrages routiers, leurs produits étaient en train de pourrir. «Jusqu’à présent, 75% des producteurs de fleurs de tout l’Équateur n’ont pas pu expédier leur cargaison», a tweeté le syndicat des exportateurs de fleurs. Les protestations ont jusqu’à présent causé quelque 50 millions de dollars de dommages à l’économie, selon le ministère de la Production.

Pour tenter de désamorcer la crise, le président conservateur, au pouvoir depuis un an, a reçu vendredi une petite délégation de représentants indigènes, mais les discussions ont apparemment donné peu de résultats. Dans la soirée, outre l’état d’urgence, il a annoncé l’augmentation d’une aide mensuelle de 50 à 55 dollars pour les familles les plus pauvres, ainsi que des aides en faveur des agriculteurs.

M. Iza a estimé que ces mesures «dérisoires» passent à côté des «questions fondamentales». Le pays subit l’inflation, le chômage et la pauvreté, exacerbés par la pandémie de coronavirus. En décembre dernier, la pauvreté en Équateur touchait 27,7% de la population et l’extrême pauvreté 10,5%. Les zones rurales sont les plus vulnérables.

(AFP)

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