Mariage pour tous: Les banques de sperme se préparent à une forte demande

Depuis juillet, avec l’entrée en vigueur du mariage pour tous, les couples de femmes ont accès à l’insémination artificielle. Et déjà les banques de sperme suisses (dont 8 sont gérées par des cliniques) affichent des listes d’attente, rapporte la «SonntagsZeitung». Parmi elles, la «OVA IVF Clinic» de Zurich auprès de laquelle on ne pourra avoir de nouveaux rendez-vous pour les premières consultations avant décembre prochain. Son directeur, Peter Fehr estime que cette affluence devrait se stabiliser après le pic initial. Sa clinique devrait ensuite aider 30 à 50 couples de femmes à devenir mères chaque année. Extrapolé à l’entier du pays, cela représenterait 200 naissances annuelles.

La clinique zurichoise doit aussi augmenter le nombre de donneurs de sperme, il y en a eu 45 actifs jusqu'à présent. Et entre cinq et huit d’entre eux sont remplacés chaque année, car contractuellement le sperme de chaque donneur peut être utilisé pour un maximum de huit enfants conçus. Comme l’indique Peter Fehr, il devra recruter environ 20 nouveaux donneurs de plus (lire encadré), sélectionnés par lui-même après un entretien d'une heure.

L’insémination pour une femme homosexuelle coûte environ 1200 francs – 800 pour le traitement et 400 francs pour les examens médicaux et tests. Il n’est pas pris en charge par l’assurance maladie. Il l’est par contre pour les couples hétérosexuels, si l’insémination s’effectue avec le sperme du conjoint. Dans ce cas, les caisses maladie paient trois tentatives. Une inégalité de traitement que dénonce l’association faîtière «Famille arc-en-ciel». L'Organisation suisse des lesbiennes «LOS» veut également agir dans ce sens, «si nécessaire, également au niveau politique», note sa coprésidente Nadja Herz.

Du côté médical, on soutient les revendications des organisations de lesbiennes pour une telle prise en charge par les caisses maladie. Estilla Maurer-Major, spécialiste en médecin reproductive au centre 360° Kinderwunsch de Zurich, relève ainsi: «Il faut souvent entre trois et cinq traitements, cela peut coûter cher». Certains couples vont donc à l'étranger ou s’organisent pour obtenir du sperme d'une autre manière. Or, s’il ne vient pas d’une clinique suisse, la co-mère n'est légalement pas reconnue quand nait l’enfant et devra déposer une demande d’adoption un an après. Jusqu'à l'adoption, tant l'enfant que la co-mère ne sont donc pas assez protégés, car l'enfant n'a légalement qu'un seul parent. C’est la raison pour laquelle, la communauté LGBT revendique la multiparentalité.