Qatar 2022Iran – Etats-Unis, le souvenir de Gerland
Iraniens et Américains s’affrontent ce mardi dans un duel décisif dans le groupe B du Mondial. Il y a 24 ans, ces deux nations, sans aucune relation diplomatique, s’affrontaient déjà à Lyon, dans un match extrêmement symbolique.
- par
- Jonathan Amorim Machado
La rencontre de ce mardi soir ravive le souvenir d’un des matches les plus marquants de l’histoire de la plus populaire des compétitions sportives. Le 21 juin 1998 à Lyon, au stade Gerland, l’Iran et les Etats-Unis s’affrontaient déjà dans un match de Coupe du monde, et le contexte était déjà très tendu. Les deux nations n’entretenaient plus de relations diplomatiques depuis 1979 et l’occupation de l’ambassade américaine de Téhéran. Retour sur une soirée historique de football.
Ce soir-là, après les hymnes nationaux, les joueurs bravent le protocole officiel en posant ensemble dans une photo iconique qui fera le tour du monde. Les Américains serrent ensuite la main à leurs adversaires en leur offrant des fanions. Chacun d'eux reçoit en retour un bouquet de roses blanches dans une journée qui sera rebaptisée comme étant celle du «fair-play» par la FIFA.
En tribunes, des supporters iraniens vêtus d’un tee-shirt à l’effigie de Maryam Ravaji, la présidente en exil du conseil national de la résistance d’Iran, brandissent des banderoles jaunes «Iran Ravaji». Des images comparables à celles de cette année, où les Iraniens en tribunes manifestent aujourd’hui contre le régime au pouvoir.
Sur le terrain, les «Lions perses» prennent rapidement le dessus sur les «Stars and Stripes». Plus techniques et plus rapides que leurs adversaires, ils ouvrent la marque en fin de première période grâce à Hamid-Reza Estili. Ils doublent ensuite le score à la 84e minute par l’intermédiaire du jeune Mehi Mahdavikia, qui deviendra ensuite l’un des joueurs les plus capés de l’histoire de l’équipe nationale iranienne avec 110 sélections. Les États-Unis sauvent l’honneur en fin de match avec un but de Brian McBride. Cette victoire, la première en Coupe du monde pour l’Iran, restera symbolique pour les Perses, qui termineront troisièmes du groupe, derrière l’Allemagne et la Yougoslavie.
Ce succès sur l’ennemi de toujours sera repris par l’ayatollah Ali Khameneï, de manière assez virulente: «Ce soir, le puissant et arrogant adversaire a senti le goût amer de la défaite.» Côté américain, on réagira également, mais de manière plus diplomatique par l’intermédiaire du porte-parole du département d’Etat: «Bâtir des liens, faire tomber les murs de la défiance et créer une meilleure compréhension, c’est un début. Nous souhaitons bonne chance à l’équipe d’Iran pour la suite.»
Il n’y aura malheureusement pas vraiment de suite à ce début puisque 24 ans plus tard, les deux pays n’entretiennent toujours pas de relation diplomatique. Et ce n’est pas le match de ce mardi soir qui risque d’y changer quoi que ce soit.