Grenoble (F)Les mariés disent leur peine d’avoir «fait entrer le loup dans la bergerie»
Au septième jour du procès de Nordahl Lelandais, le couple qui l’avait invité à ses noces, où le tueur a croisé la route de la petite Maëlys, a témoigné de ses regrets à la barre.
«Un loup dans la bergerie»: appelés à témoigner, mardi, au procès de Nordahl Lelandais, d’anciens amis de l’accusé se sont dits bouleversés et en colère de l’avoir invité à leur mariage, où il a croisé la route de la petite Maëlys.
Appelés l’un après l’autre à la barre en ce septième jour de procès à Grenoble, les deux époux, lui militaire, elle cadre d’administration, ont exprimé leur peine et leurs regrets d’avoir ouvert leur porte à Nordahl Lelandais en ce soir d’août 2017, alors qu’il ne figurait pas sur la liste des invités.
C’est lors de ce mariage que Maëlys De Araujo, 8 ans, a brutalement disparu vers 3 heures du matin. Rapidement soupçonné et incarcéré, l’ancien maître-chien mettra des mois à admettre qu’il l’a tuée, selon lui «involontairement», et à conduire les enquêteurs à l’endroit où il avait abandonné son corps, dans un site de montagne isolé.
Le marié explique qu’il avait «une certaine confiance» en Lelandais, qu’il connaissait depuis une vingtaine d’années. Si bien qu’après un coup de fil de ce dernier, il en arrive «naturellement» à l’inviter au vin d’honneur. Mais le mariage vire au «cauchemar» quand l’enfant disparaît lors de la soirée, raconte-t-il ensuite.
«Il est dangereux et ne doit pas revenir dans la société»
Le marié dit alors détecter un certain nombre de «voyants d’alarme» relatifs au comportement de Nordahl Lelandais, revenu au mariage après le dîner: il s’est notamment éclipsé avant l’arrivée des gendarmes, sans proposer de participer aux recherches avec ses chiens. Cette impression se renforce encore face à la froideur de l’accusé et aussi lorsqu’on lui rapporte que Nordahl Lelandais a été vu le lendemain en train de nettoyer sa voiture.
«On n’imaginait pas une seule seconde toute la noirceur de l’accusé», notera de son côté son épouse. Pour elle, il ne fait pas de doute que l’accusé «est dangereux et ne doit pas revenir dans la société».
La Cour a ensuite auditionné une série d’autres témoins pour tenter d’établir la chronologie précise de ce qui s’est joué cette nuit-là entre Maëlys et son meurtrier. Tous ont ensuite été contre-interrogés par l’avocat de la défense, Me Alain Jakubowicz.
«Arrêtez vos âneries»
Ces échanges ont parfois été tendus, comme lorsque l’avocat apostrophe l’un des amis du marié, estimant qu’il a livré plusieurs versions contradictoires des faits. «Arrêtez vos âneries. J’ai tué personne, j’ai violé personne, vous me respectez», réplique l’homme, énervé.
Invité à s’expliquer à son tour, Nordahl Lelandais se borne pour sa part à répéter que la fillette a réclamé au cours de la nuit de voir ses chiens et qu’elle était accompagnée à ce moment d’un «petit garçon blond» dont la trace n’a pas pu être retrouvée par les enquêteurs.
Nordahl Lelandais est également jugé pour des agressions sexuelles à l’encontre de deux de ses petites-cousines, âgées de 4 et 6 ans, qu’il a reconnues, admettant même lundi pour la première fois avoir ressenti des penchants «pédophiles». Il nie en revanche catégoriquement tout viol ou agression sexuelle à l’encontre de Maëlys.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys. Le verdict est attendu autour du 18 février.