États-UnisLe tueur en série recherché était déjà en prison
Traqué depuis plus de 30 ans, le «tueur au colis», qui empaquetait le corps de femmes et les laissait en évidence, a été démasqué grâce à l’ADN: il est en cellule depuis 1993.
- par
- Michel Pralong
Il a y plus de 30 ans, un étrange tueur en série a sévi dans le Missouri. En 1990, trois femmes ont été enlevées dans un quartier de Saint-Louis, connu pour être fréquenté par des prostituées. Robyn Mihan, 18 ans, disparaît en mars, Brenda Pruitt, 27 ans, en mai et Sandy Little, 21 ans en octobre. Le corps de Robyn Mihan a été découvert dans le comté de Lincoln, laissé au bord d’une route, «emballé» entre deux matelas. Le cadavre porte des marques de strangulation et de lutte.
En février 1991, c’est le corps de Sandy Little qui est retrouvé à O’Fallon. Le cadavre a été placé dans une boîte en bois, là encore au bord d’une route très fréquentée. La victime était mère d’un bébé et se prostituait pour subvenir à ses besoins. Ce meurtre, associé à deux précédents corps retrouvés, a alors semé la peur parmi les prostituées de la région, comme la presse le relatait à l’époque. Les trois victimes étaient toutes mères.
«Il joue avec nous»
Car le 4 octobre 1990, un corps décomposé avait déjà été retrouvé à Maryland Heights, plié dans une poubelle. Vu son mauvais état, il faudra plusieurs mois pour l’identifier comme étant celui de Brenda Pruitt. La police fait alors le lien entre les trois meurtres et surnomme l’assassin le «package killer», le tueur au colis, pour sa façon d’emballer et d’exposer ses victimes. «Il joue avec nous et laisse les corps à la vue de tous», se plaignait à l’époque un enquêteur, comme le relate «Riverfront Times».
La police de Saint-Louis a alors collaboré avec le FBI et promis qu’au prochain meurtre, elle sécurisera la scène du crime afin que la police fédérale puisse venir recueillir des indices. Mais le Package Killer semble ne plus jamais frapper. Les détectives de Marylands Heights et O’Fallon, deux endroits où des corps ont été retrouvés, ont toutefois continué à enquêter.
Il aura fallu attendre les récents progrès dans l’analyse ADN pour que des indices trouvés sur l’un des lieux du crime (celui de Robyn Mihan) puissent donner un profil ADN qui a correspondu à l’un qui était déjà dans les fichiers de la police. Car l’homme qui a été démasqué et se nomme Gary Muehlberg, 73 ans aujourd’hui, se trouve depuis 1993 dans la prison de Potosi, au sud de Saint-Louis. Il a été condamné à la perpétuité pour meurtre.
Un meurtre pour 6000 dollars
En 1993, il a tué Kenneth «Doc» Atchison, 57 ans. Ce dernier avait été porté disparu après s’être rendu chez Muehlberg avec 6000 dollars en poche pour lui acheter sa voiture. Et Muehlberg s’était envolé depuis. En fouillant sa maison, la police avait retrouvé le cadavre d’Atchison au sous-sol, dans un cercueil de fortune. Muehlberg avait été retrouvé dans le sud de l’Illinois en mars 1993, arrêté et condamné.
La police avait également découvert que le sous-sol de la maison était étrange, avec plusieurs pièces ayant d’épais murs en béton ainsi qu’une pièce secrète à laquelle on ne pouvait accéder qu’en poussant sur une cloison. Mais cela n’a pas éveillé les soupçons des enquêteurs qui n’ont jamais fait le lien avec le Package Killer. Jusqu’à ce que l’ADN parle.
Un détective s’est rendu cette année voir Muehlberg en prison. Ce dernier a été tellement stupéfait qu’on lui présente des preuves 32 ans après les faits qu’il a d’abord été incapable de parler. Puis, lors d’une deuxième visite, l’homme de 73 ans a avoué les féminicides de Mihan, de Pruitt et de Little. Il a même confessé un quatrième crime, celui de Donna Reitmeyer, 40 ans, dont le corps avait été retrouvé dans une poubelle en juin 1990, sans que cette affaire ne soit reliée à l’époque au Package Killer.
Accord pour ne pas être condamné à mort
Muehlberg a d’autant plus facilement reconnu les faits qu’il a reçu une offre lui assurant qu’il ne serait pas condamné à mort s’il avouait ses meurtres. Les procureurs ne perdaient pas grand-chose vu que l’homme, souffrant d’insuffisance rénale, ne survivrait sans doute pas assez longtemps pour arriver jusqu’à une possible exécution, selon «Law&Crime». Le serial killer a aussi expliqué avoir emmené ses proies dans sa maison, les avoir enfermées dans le sous-sol avant de les étrangler.
Gary Muehlberg a écrit une lettre aux familles de ses victimes, expliquant qu’il n’aimait pas «cette période néfaste, sombre et courte de sa vie passée. J’ai fait de terribles erreurs et je ne pourrai probablement jamais vraiment reposer en paix, mais j’espère et je prie pour pouvoir faire amende honorable en reconnaissant les erreurs passées que j’ai commises. Je ne demande pas pardon mais espère aider à clôturer ces cold cases».