États-UnisAvortement: deux hôpitaux américains rappelés à l’ordre
Deux hôpitaux américains ont enfreint la loi en ne proposant pas un avortement en urgence à une femme expérimentant de graves complications, et ils ont été rappelés à l’ordre.
Le ministère de la Santé espère par cette action «clarifier» la situation, dans un contexte de bataille politique et judiciaire autour de la question de l’avortement aux États-Unis.
Les obligations de soins d’urgence aux femmes doivent être respectées, malgré les lois restrictives sur l’avortement adoptées par certains États, a déclaré lundi le ministre de la Santé Xavier Becerra, dans une lettre adressée aux organisations représentantes d’hôpitaux.
Ces derniers mois, les articles de presse relatant l’histoire de femmes n’ayant pas pu bénéficier d’un avortement, alors même que leur fœtus était condamné, se sont multipliés. Certains médecins craignent d’être poursuivis pour un avortement considéré comme interdit dans leur État. Les deux hôpitaux visés par l’action annoncée lundi se trouvent dans le Missouri et le Kansas, deux États voisins, situés dans le centre des États-Unis.
Une patiente enceinte de 18 semaines s’est rendue dans ces deux établissements après une rupture prématurée de la poche des eaux, décrit la lettre du ministre. Il lui a alors été annoncé que sa grossesse n’était plus viable. Mais les médecins «lui ont indiqué qu’ils ne pouvaient pas lui proposer les soins qui empêcheraient une infection, une hémorragie, et potentiellement la mort» à cause de «règles de l’hôpital interdisant les traitements pouvant être assimilés à un avortement», a détaillé Xavier Becerra.
Il s’agit d’une «violation» de la loi nommée EMTALA, a-t-il souligné. Cette loi concerne les hôpitaux prenant en charge le régime d’assurance santé fédéral Medicare -- soit la majorité d’entre eux -- et les oblige à soigner une personne présentant une urgence médicale.
Les deux hôpitaux n’ont pas été sanctionnés, mais devront corriger leurs actions, ce qui sera vérifié par des inspecteurs.
Des heures de conduite
La patiente, Mylissa Farmer, a finalement été soignée dans l’Illinois, après avoir conduit des heures, selon le National Women’s Law Center, à l’origine de l’alerte sur son cas. Elle était alors «en plein travail, souffrant énormément», a déclaré l’organisation dans un communiqué.
«Heureusement, la patiente a survécu», a déclaré le ministre dans un communiqué. «Mais elle n’aurait jamais dû traverser cette épreuve terrifiante.» «Aujourd’hui, nous envoyons un rappel aux hôpitaux participant à Medicare: vous être obligés (…) d’offrir des soins pour stabiliser l’état de patients en urgence médicale», a-t-il martelé.
Le gouvernement de Joe Biden a promis de défendre le droit à l’avortement, qui subit l’assaut renouvelé des conservateurs depuis une décision de la Cour suprême américaine en juin 2022. En annulant la protection fédérale de l’avortement, elle a rendu à chaque État américain la liberté de légiférer sur la question. Une quinzaine d’États ont depuis rendu l’avortement illégal ou ont fortement restreint son accès.