Conflit Israël-HamasL’armée israélienne avance dans Gaza, où la situation se dégrade
L’armée israélienne a entamé la «troisième phase» de l’opération militaire dans la bande de Gaza, alors que Benyamin Netanyahou a exclu tout cessez-le-feu.
L’armée israélienne progresse «méthodiquement» dans la bande de Gaza, a affirmé le premier ministre israélien qui exclut tout cessez-le-feu dans la guerre contre le Hamas, réclamé par les organisations humanitaires qui déplorent une situation catastrophique dans le territoire palestinien.
«Tsahal a étendu son entrée terrestre dans la bande de Gaza, elle le fait par étapes mesurées et très puissantes, en progressant méthodiquement», a dit lundi Benyamin Netanyahou, selon qui la «troisième phase» de l’opération militaire a débuté. Depuis vendredi soir, opérations au sol et frappes israéliennes se sont intensifiées, avec pour objectif d’«anéantir» le mouvement islamiste palestinien, dont l’attaque sur le sol israélien le 7 octobre a déclenché le conflit.
«Siège complet»
Ces opérations mettent à très rude épreuve les 2,4 millions d’habitants de Gaza, soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» les privant d’eau, de nourriture et d’électricité après déjà un blocus depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2007.
«La poignée de convois autorisés via Rafah n’est rien comparé aux besoins de plus de 2 millions de personnes piégées à Gaza», a dénoncé le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini, regrettant qu’«une population entière (soit) déshumanisée». Il a réclamé un «cessez-le-feu humanitaire immédiat devenu une question de vie ou de mort pour des millions de personnes».
Cette éventualité est totalement exclue par Benyamin Netanyahou. «Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas», a-t-il asséné. Pour Washington, son allié, un cessez-le-feu n’est pas «la bonne réponse pour l’instant», a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui préconise plutôt des «pauses humanitaires».
Des tonnes d’aide bloquées
Des tonnes d’aide s’entassent au poste-frontière de Rafah, séparant l’Égypte de Gaza, en attendant d’être inspectées par Israël, selon un responsable américain ayant requis l’anonymat. Seuls 117 camions d’aide sont arrivés depuis le 21 octobre, selon le dernier décompte de l’ONU lundi matin. L’organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, le COGAT, a indiqué mardi que 39 autres camions étaient arrivés lundi.
Le Hamas affirme que 8306 personnes, majoritairement des civils et parmi lesquels 3457 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. «Il ne peut s’agir de dommages collatéraux», a déploré Philippe Lazzarini. L’inquiétude porte aussi sur la situation des hôpitaux où, selon le Croissant-Rouge palestinien, les bombardements mettent en péril les patients et les milliers de civils qui y sont réfugiés.
Selon l’organisation, de nouvelles frappes ont eu lieu mardi aux abords de l’hôpital al-Quds. «Le bâtiment tremble et les civils déplacés ainsi que les équipes au travail sont en proie à la peur et à la panique», a-t-elle écrit sur X. Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher armes ou combattants, ce que le Hamas dément.
Une otage libérée
En Israël, selon les autorités, plus de 1400 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées le jour de l’attaque du Hamas le 7 octobre, en plein shabbat. Des centaines d’hommes du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien et ont enlevé plus de 230 personnes. L’une d’entre elles, une militaire, Ori Megidish, a été libérée lors d’une opération terrestre, a annoncé l’armée israélienne lundi.
Pour la première fois depuis le début de la guerre, des chars israéliens ont été aperçus en lisière de Gaza-ville, selon des témoins. D’après ces sources, les chars et l’aviation israélienne ont bombardé un axe routier nord-sud avant de se retirer. La branche militaire du Hamas a affirmé avoir riposté en tirant des obus vers «deux blindés».
Lundi, l’armée israélienne a assuré avoir frappé en 24 heures «600 cibles» – dépôts d’armes, lancements de missiles et caches – du Hamas. Elle dit également avoir tué «des dizaines de terroristes». L’armée a aussi annoncé mardi matin avoir abattu un suspect entré sur le territoire israélien. L’armée israélienne a par ailleurs affirmé mardi avoir mené des frappes aériennes au Liban visant le mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas, alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional.