Jura bernois: Drame du port de La Neuveville: «Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver».

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Jura bernoisDrame du port de La Neuveville: «Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver».

Au tribunal, les parents de Claire ont exprimé chagrin et colère, six ans après la mort de leur fille électrocutée dans le port de La Neuveville.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Sitôt après le décès de leur fille, les parents de Claire ont adopté un chien dans un refuge, Pady.

Sitôt après le décès de leur fille, les parents de Claire ont adopté un chien dans un refuge, Pady.

lematin.ch/Vincent Donzé

Les parents de Claire Schläfli ont exprimé leur chagrin et leur tristesse hier devant le Tribunal du Jura bernois – Seeland, six ans après la mort de leur fille électrocutée avec sa chienne dans le port de La Neuveville. Ce drame provoqué par une installation électrique défaillante s’était aussi révélé fatal pour Miranda Birdsall, une passante qui leur portait secours.

Infirmière, la maman de Claire a raconté le vécu de sa fille qui vivait chez eux, son engagement militaire pour chercher des survivants dans des décombres avec sa chienne Makani, sa passion pour les fossiles et la paléontologie qui devait la conduire à l’Université de Fribourg, mais aussi ses moelleux au chocolat…

Joyeuse et spontanée

Préoccupée par la société mais impliquée dans son univers, Claire avait visité Verdun, les tranchées. «Elle était un esprit libre, elle était joyeuse et spontanée», a rapporté la maman. Claire appréciait les moments conviviaux, jusqu’au drame du 15 mai 2017, lorsqu’elle est partie promener sa chienne pendant que dans le jardin. sa maman s’occupait des tortues.

«J’ai hurlé dans le salon quand mon mari m’a appris la mort de ma fille», a rapporté Christiane Schläfli. «Nous avons basculé d’un monde de bonheur total dans un trou noir et nous avons frisé la folie», a confié son mari Robert. Depuis la mort de sa fille, le père de Claire se sent amputé, comme il l’a confié à sa femme.

Le nombre de jours

«Mon mari n’a pas voulu se faire aider par des professionnels, préférant se battre pour elle dans la procédure pénale», a indiqué Christiane Schläfli. «Robi» écrit pour raconter ses journées à sa fille et compte le nombre de jours passés sans elle, ce qui donnait jusqu’à hier 24 cahiers en 2362 jours.

«Je le trouve très triste», a dit son épouse. Elle est devenue insomniaque et s’est isolée dans une «incommensurable tristesse», selon mari en décrivant «la fatigue de voir des gens à qui elle n’a pas envie de parler ou qui pleurent en la voyant». Lui a perdu 15 kilos. Et sa joie de vivre.

Que justice soit rendue

Les parents de Claire ont dit merci à la deuxième victime, Miranda, mère de trois enfants, avant d’évoquer le sens de leur bataille: «Que justice soit rendue à Claire, sa chienne Makani, Miranda, ainsi que tous ceux qui ont souffert» de ce drame. Robert Schläfli dira que «perdre un enfant, c’est dramatique, mais c’est encore pire dans de telles circonstances, car il y a une révolte par rapport à ce qui s’est passé et n’aurait jamais dû arriver».

La dangerosité de la barrière du port est évoquée, «où tout un chacun, un jour ou l’autre, s’est appuyé ne serait-ce que pour donner du pain aux canards ou aux mouettes». Robert Schläfli a rapporté les propos que lui a tenus un spécialiste, devant la balustrade: «Tu vois, Robi, avec 200 francs de plus, la barrière était soudée et mise à terre».

Une honte pour la profession

Pour Robert Schläfli, l’installation «mal ordonnée, mal construite, mal contrôlée» qui a électrisé la barrière était «criminelle». Elle constitue selon lui «une honte pour la profession»: «Des enfants se mettent debout sur le tube inférieur, des ados s’asseyent dessus et boivent des bières, des cyclistes appuient leur vélo contre, les plaisanciers laissent sécher leurs affaires dessus…».

Sans avocat, les parents de Claire réclament la condamnation des prévenus pour homicide par négligence, ainsi que le remboursement de leurs frais de procédure: «Nous demandons à la justice de ce pays de vous sanctionner», ont-ils résumé. Après les plaidoiries de la défense, le jugement sera rendu le 6 décembre.

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