Autriche: Le président appelle à combattre «le poison» de la corruption

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AutricheLe président appelle à combattre «le poison» de la corruption

Jeudi, le chef du gouvernement autrichien est revenu sur les récentes révélations sur le scandale qui a coûté son poste au chancelier Sebastian Kurz, l’an passé.

Alexander Van der Bellen est âgé de 78 ans.

Alexander Van der Bellen est âgé de 78 ans.

AFP

Le président autrichien a appelé jeudi à une profonde réforme du système politique après la confession d’un témoin clé dans le scandale de corruption qui a fait tomber il y a un an le chancelier Sebastian Kurz. «Quelques touches de couleur ici et là ne suffiront pas à réparer les dégâts. Il s’agit de dommages massifs qui touchent à la substance même de notre démocratie. Nous devons tout remettre à plat», a déclaré Alexander van der Bellen dans une allocution solennelle.

«Il en va de la démocratie dans notre pays et de la confiance en la démocratie, qui est une fois de plus massivement ébranlée», a-t-il ajouté, appelant au vote par le Parlement de mesures pour combattre «le poison» de la corruption. Selon le président écologiste, de nouvelles élections législatives ne se justifient pas pour le moment, alors que la pression monte sur les Verts, partenaires des conservateurs depuis 2020 et donc au pouvoir sous Sebastian Kurz.

Détails accablants

Ce pays alpin a été secoué ces derniers jours par des accusations portées par un ancien proche du chancelier déchu. Si l’affaire a éclaté l’an dernier, Thomas Schmid, lui-même mis en cause par l’enquête, a livré au parquet des détails accablants au fil de 15 auditions, dont le contenu a été publié dans la presse cette semaine.

Cet ancien haut responsable du Ministère des finances espère bénéficier d’une remise de peine en coopérant avec la justice. Il affirme que Sebastian Kurz avait connaissance du détournement de fonds publics entre 2016 et 2018 afin de favoriser son ascension éclair.

«Oui, il le savait. J’ai mis en place cette combine, car j’en ai reçu l’ordre de sa part», a raconté Thomas Schmid aux procureurs. «Nous avons fait des choses qui n’étaient pas bien», «j’ai utilisé les ressources du ministère» pour promouvoir sa carrière, a-t-il ajouté.

Sondages falsifiés

L’argent avait pour but de financer la parution de sondages falsifiés et une couverture médiatique élogieuse à l’égard de Sebastian Kurz dans les médias d’un influent groupe de presse autrichien, Österreich, argue le parquet.  En échange, ce dernier était récompensé via l’achat de lucratifs encarts publicitaires.

Sebastian Kurz a fustigé ces «fausses accusations», preuve à l’appui: il a fourni au parquet l’enregistrement d’une conversation téléphonique avec Thomas Schmid censée le disculper et annoncé le dépôt d’une plainte. Celui qui était présenté hier comme «l’enfant prodige» de la politique autrichienne avait démissionné en octobre 2021 après l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, avant de quitter deux mois plus tard la vie politique, à l’âge de 35 ans. Sebastian Kurz était le plus jeune chef de gouvernement du monde quand il avait accédé à la chancellerie en 2017.

(AFP)

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