États-UnisUn procès historique pour le climat s’ouvre dans le Montana
L’État du Montana, dans le nord-ouest des États-Unis, est accusé par une dizaine de jeunes d’enfreindre leur droit constitutionnel à un «environnement propre et sain».
Le premier procès lié au changement climatique aux États-Unis s’est ouvert lundi dans le Montana, après qu’une dizaine de jeunes eurent engagé des poursuites contre cet État du nord-ouest, l’accusant d’enfreindre leur droit constitutionnel à un «environnement propre et sain».
L’affaire, nommée «Held v. Montana», est scrutée de près car son résultat pourrait appuyer d’autres poursuites engagées à travers le pays, ciblant à la fois l’industrie d’énergie fossile et les autorités. Les 16 plaignants, âgés de 5 à 22 ans, affirment que les «effets dangereux des énergies fossiles et de la crise climatique» leur ont porté atteinte -- les enfants étant «singulièrement vulnérables» à ces effets qui ne font qu’empirer.
Le procès, qui se tient à Helena, la capitale du Montana, doit se dérouler jusqu’au 23 juin. Au cœur des débats, un article de la constitution locale disposant que «l’État et tout un chacun doivent maintenir et améliorer un environnement propre et sain dans le Montana pour les générations présentes et futures».
Effets démultipliés
Les plaignants remettent également en question la constitutionnalité d’une loi du Montana qui interdit à l’administration locale de prendre en compte les impacts sur le climat lorsqu’elle doit accorder ou non des permis à des entreprises de carburants fossiles. Ils n’exigent aucun dédommagement, mais demandent qu’une déclaration stipulant que leurs droits sont enfreints soit rédigée. Celle-ci doit constituer une première étape vers une action législative.
Dans ses propos liminaires, l’avocat Roger Sullivan a évoqué les effets démultipliés du réchauffement climatique sur la jeunesse du Montana. «Chaleur, sécheresse, feux de forêt, pollution de l’air, violentes tempêtes, disparition de la faune locale, fonte des glaciers, perte de piliers et traditions familiales et culturelles», a-t-il listé, évoquant également les dégâts médicaux et psychologiques qui touchent les jeunes de manière disproportionnée.
En outre, l’avocat a argué que l’État avait mené une politique énergétique désastreuse, libérant 166 millions de tonnes de CO2 chaque année dans l’atmosphère, l’équivalent de pays comme l’Argentine, les Pays-Bas, ou encore le Pakistan alors que le Montana ne compte qu’un peu plus d’un million d’habitants. Les plaignants ont ressenti un sentiment de «trahison», estime Me Sullivan, et certains ont exprimé leur réticence à faire des enfants par peur du monde dans lequel ils grandiraient.
«Spectateur»
À plusieurs reprises, le Montana a tenté de faire annuler les poursuites pour des raisons de vice de procédure; mais le 6 juin, la Cour suprême de l’État a donné son feu vert pour que le procès débute. Dans ses propos d’ouverture, le procureur général du Montana Michael Russell a affirmé qu’au cours des débats le tribunal «entendrait beaucoup d’émotion, beaucoup de suppositions, d’accusations, et notamment de peur sur ce que le futur peut réserver, y compris des affirmations radicales et grandiloquentes sur un destin tragique qui nous attend tous».
Selon lui, la loi au cœur des débats du procès ne peut pas être à l’origine des dommages dont les plaignants se sont dits victimes. «Les émissions (de CO2) du Montana sont simplement trop minuscules pour faire une quelconque différence», a affirmé Michael Russell. «Le changement climatique est une question mondiale qui relègue dans les faits le rôle du Montana à celui de simple spectateur», a ajouté le procureur général.