FOOTBALLJérémy Guillemenot averti: le carton jaune de la honte
Après son but contre Bâle, l’attaquant de Saint-Gall a souhaité rendre hommage à son ami Karim Gazzetta, tragiquement décédé. Cela n’a pas plu à M. Schnyder qui l’a averti en appliquant stupidement la loi.
- par
- Nicolas Jacquier
Décédé accidentellement le 21 novembre dernier dans des circonstances tragiques, Karim Gazzetta est encore dans toutes les mémoires. En Suisse, le jeune homme de 27 ans avait notamment joué à Carouge, Servette, Winterthour, SLO et NE Xamax. Et c’est à ce titre que Jérémy Guillemenot, son ancien coéquipier «grenat» de la Praille, a voulu lui rendre hommage ce dimanche lors du match contre Bâle. Ce qu’il a fait en retirant son maillot au-dessus de la tête après son but de la 5e minute pour laisser apparaître un sobre message en la mémoire de son ami bien trop tôt disparu…
Une scène empreinte d’humanité qu’Urs Schnyder devait pourtant sanctionner d’un carton jaune de la honte. On ne badine pas avec le règlement. La règle, c’est la règle, peu importe l’esprit…
Autre ancien coéquipier de Gazzetta, Karim Amdouni (ex-Carouge, SLO et Lausanne) a pour sa part échappé aux foudres de l’arbitre dans la mesure où il n’a fait que lever partiellement son maillot après son penalty transformé (30e, 1-1, score final). Là aussi, un message en la mémoire de Karim, salué par un autre cœur.
Tolérance zéro
Dans un tel contexte émotionnel, emprunt de dignité, l’attitude de M. Schnyder ne peut que choquer. Le directeur de jeu lucernois n’a fait pourtant qu’appliquer le règlement de la FIFA, impitoyable en la matière. «La FIFA est clair, aucun message ne peut être accepté, c’est la tolérance zéro, rappelle Christophe Girard, patron des arbitres suisses. Je le regrette mais on ne peut faire aucune distinction. Des joueurs ayant protesté contre la guerre en Ukraine à travers un message de paix ont par exemple été avertis…»
Dans le cas saint-gallois du Kybunpark, la sévérité bornée de M. Schnyder ne plaide pas la cause arbitrale. «Cette règle intangible donne effectivement l’image d’arbitres psychorigides et inhumains, reprend notre interlocuteur. Mais c’est la loi qui ne leur donne aucune marge de manœuvre.»
À titre personnel, le dirigeant vaudois aurait préféré que M. Schnyder s’abstienne dans le cas Guillemenot. «J’aurais aimé qu’il ne sorte pas son carton jaune. N’importe quel amoureux du foot ne souhaite pas ce genre d’avertissement.»
M. Schnyder n’aurait-il pas eu le temps de lire ni comprendre le message? Son comportement aurait peut-être été différent si une minute de silence avait été observée ce week-end sur tous les stades de Super League. Mais la SFL n’y a manifestement pas songé, ce que l’on peut regretter.