MotocyclismeMarc Márquez: s’il n’en reste qu’un…
À Jerez de la Frontera, l’octuple champion du monde a encore réussi un sauvetage miraculeux. Il est plus que jamais la bouée de sauvetage d’un géant – Honda – en passe de se noyer.
- par
- Jean-Claude Schertenleib
Deux soirs de suite, Marc Márquez a utilisé la même formule: «Je suis en mode survie». La veille, il avait même précisé qu’il était désormais obligé de rouler avec prudence, sinon la sanction était immédiate. En course, cette «prudence» s’est manifestée… par une attaque de tous les instants et un sauvetage miraculeux de plus, dans l’ultime virage du circuit Angel Nieto. En attaquant Aleix Espargaró et Jack Miller, avec la troisième place en jeu, le pilote Honda a glissé des deux roues. Sa RC213V déjà couchée, il a alors transformé son coude gauche en un levier puissant. «J’étais à terre, ce sont les spectateurs de Jerez qui, par leurs encouragements, ont relevé la moto», dira Márquez un peu plus tard. Avant de redevenir plus terre à terre: «Heureusement que c’était dans un virage à gauche; car dans une telle situation, à droite, c’était impossible». 4e de la course, mais loin, très loin de Francesco «Pecco» Bagnaia et Fabio Quartararo, seuls au monde en Andalousie, Márquez a une fois encore fait plus que le job. Mais à quel prix!
L’offre… et la demande
C’est la règle de l’économie la plus simple à comprendre, celle de l’offre et de la demande. Si vous avez 20 kilos de pommes de terre à vendre et un seul acheteur, le prix de vos patates sera logiquement moins cher que si vous n’avez à la vente qu’un kilo et que 20 clients se présentent. En cette période de «mercato», la règle est confirmée une fois encore. Les progrès de l’Aprilia étant impressionnants – nouveau podium grâce à Aleix Espargaró, la marque italienne ne bénéficiera ainsi plus, dès la saison prochaine, de son statut «concession», la moto de Noale que personne ne voulait encore il y a trois ans est désormais courtisée, pour le plus grand plaisir des patrons. Parce que, bien sûr, cet intérêt nouveau souligne la qualité du travail effectué, mais aussi parce que lors des transactions en cours, les mêmes patrons peuvent aimablement rappeler à Espargaró, qui veut logiquement que sa situation soit revue à la hausse, qu’il ne doit pas se montrer trop gourmand.
Dans deux autres camps, la situation est totalement inversée: Yamaha sait que s’il devait perdre Fabio Quartararo, ce serait une catastrophe et on n’ose pas imaginer ce qui pourrait survenir à Honda, au cas où Marc Márquez décidait de tous laisser tomber, malgré un contrat qui court encore jusqu’à décembre 2024.
La phrase du jour: Francesco «Pecco» Bagnaia
«Dans une telle course, tu n’as pas le temps de penser à autre chose que d’aller le plus vite possible», a avoué Bagnaia après sa première victoire de la saison. Avant d’ajouter: «La présence continuelle de Fabio (Quartararo) dans mon sillage direct était beaucoup plus difficile à gérer que mon épaule droite (ndlr: blessée il y a une semaine au Portugal)».
Aegerter a tout tenté
En reculant le plus tard possible son freinage à l’entame du dernier tour de la seconde course MotoE du week-end andalou, Dominique Aegerter a-t-il commis une erreur? «Le but, c’était la victoire, j’étais dans le coup depuis le début de la course, je me devais d’essayer. Alors oui, je me suis retrouvé trop à l’extérieur, Granado était devant, Miquel Pons en a profité.» 3e à ce moment décisif de la course, «Domi» n’avait pas pour autant dit son dernier mot: «Las, j’ai commis une autre petite erreur dans le dernier virage et j’ai été surpris de constater que Casadei était aussi proche de moi». Podium raté pour la première fois de la saison, soit six courses: «Je suis déçu, même si je repars de ce premier week-end de la Coupe F.I.M. MotoE en deuxième position au championnat».
Un Dominique Aegerter qui a aussi constaté ce week-end que ses adversaires habituels dans la discipline, comme Jordi Torres et Matteo Ferrari (les vainqueurs des premières éditions de la Coupe) n’étaient plus les seuls avec qui il fallait compter.