Hockey sur glace – Ces Canadiens mal-aimés ne sont pas des bras cassés

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Hockey sur glaceCes Canadiens mal-aimés ne sont pas des bras cassés

Le Canada est le grand perdant en l’absence des stars de la NHL aux Jeux de Pékin. Comme en 2018, des joueurs qui n’auraient pas eu la moindre chance d’être sélectionnés se retrouvent en Chine. 

Cyrill Pasche Pékin
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Cyrill Pasche Pékin
Maxim Noreau fait partie des médaillés de bronze des JO 2018. Le défenseur des ZSC Lions profite aussi à Pékin de l’absence des stars de la NHL.

Maxim Noreau fait partie des médaillés de bronze des JO 2018. Le défenseur des ZSC Lions profite aussi à Pékin de l’absence des stars de la NHL. 

Getty Images

Pourquoi sont-ils mal-aimés? 

La majorité des joueurs sélectionnés sont inconnus du grand public nord-américain, à part ceux bien sûr qui ont joué en NHL à un certain stade de leur carrière. Mal-aimés parce que les fans de hockey canadiens se réjouissaient de voir leurs meilleurs joueurs aux Jeux olympiques. Au lieu de Connor McDavid, voici donc à la place Ben Street ou Jordan Weal… Difficile pour les fans de s’identifier à des joueurs qu’ils ne connaissent pas, ou très peu, et qu’ils considèrent finalement comme des «profiteurs». «Mais nous on n’en peut rien, il fallait bien que des joueurs représentent le Canada aux JO», nous avait glissé David Desharnais dans le courant du mois de janvier.

Les hockeyeuses canadiennes sont plus populaires que les hommes à Pékin.

Les hockeyeuses canadiennes sont plus populaires que les hommes à Pékin. 

AFP

A Pékin, l’ultra compétitive équipe canadienne féminine, qui espère récupérer la médaille d’or perdue en 2018 contre les Américaines, est plus populaire que celle des hommes. Le monde à l’envers. Pour preuve, Marie-Philip Poulin, la grande star de l’équipe féminine, a été choisie comme porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture.  

Qui sont les Canadiens les plus connus? 

Pas de Connor McDavid ou de Sidney Crosby, mais quelques noms bien connus malgré tout des amateurs de hockey sur glace (lire le chapitre suivant pour les joueurs évoluant en Suisse): comme celui de l’attaquant Eric Staal, un vétéran de 37 ans aux 1376 matches de NHL, qui est sorti de sa retraite dans l’optique de participer aux JO. Staal a été champion olympique en 2010 à Vancouver, il est aussi vainqueur de la Coupe Stanley en 2006 avec les Carolina Hurricanes et finaliste en 2021 avec le Canadien de Montréal.

«Eric Staal, auriez-vous pensé il y a quelques mois que vous seriez la plus grande star du tournoi de hockey des JO?»

Question d’un journaliste slovaque au capitaine du Canada

Dimanche matin, un journaliste slovaque lui a d’ailleurs posé une question impertinente: «Eric Staal, auriez-vous pensé il y a quelques mois que vous seriez la plus grande star du tournoi de hockey des JO?» Le capitaine de l’équipe canadienne, beau joueur, lui a répondu avec humour: «Cela reste à vérifier sur la glace lorsque le tournoi aura commencé!»

Autre joueur connu: le défenseur de 19 ans, Owen Power, étoile montante du hockey canadien et premier choix de la draft 2021 (Buffalo Sabres). Il a été sacré champion du monde en 2021 lors des Mondiaux remportés par le Canada en Lettonie. Staal et Power sont les têtes d’affiche de la sélection canadienne à Pékin. 

Sur le banc, Claude Julien, un ancien vainqueur de la Coupe Stanley avec Boston et ex coach des Canadiens de Montréal notamment, aurait dû diriger l’équipe à Pékin. Mais le malheureux s’est blessé aux côtes sur la glace de Davos il y a une dizaine de jours lors d’une activité de «Team building». La poisse. Julien a été remplacé par son adjoint, Jemery Colliton, ex-coach des Chicago Blackhawks. 

Combien y a-t-il de «Suisses»?

Ils sont quatre et demi: David Desharnais (FR Gottéron), Maxim Noreau (Zurich Lions), Daniel Winnik (GE Servette), Daniel Carr (Lugano) et un certain Mark Barberio (Lausanne, actuellement prêté en KHL dans le club de AK Bars Kazan). Tous ces joueurs, qui n’auraient pas dû être à Pékin en temps normal, ont des étoiles dans les yeux. «C’est le plus grand honneur de ma carrière», a admis Mark Barberio, l’ex-capitaine du LHC. «Jamais je n’aurais imaginé que je pourrais un jour me retrouver à ce niveau de la compétition, à des Jeux olympiques.»

Dans quelles ligues jouent ces Canadiens? 

La majorité des sélectionnés évolue en Europe. Neuf d’entre eux gagnent leur vie dans le championnat de la KHL, quatre en Suisse, deux en Allemagne dans le championnat de DEL et deux autres en première division suédoise. Le solde de l’équipe vient d’Amérique du Nord. Quatre sont des pros en AHL, l’antichambre de la NHL, trois sélectionnés évoluent dans le circuit universitaire de la NCAA, et un dernier joueur (Mason McTavish), qui a d’ailleurs transité par la Swiss League à Olten, joue dans la ligue junior de l’Ontario après avoir donné quelques coups de patin en NHL en début de saison avec Anaheim. La plupart de ces joueurs ne se connaissaient pas vraiment, ou alors simplement de nom. Mauvais pour la cohésion d’équipe? «Quand on enfile un maillot du Canada, notre niveau de jeu monte automatiquement d’un cran», a imagé David Desharnais, promu capitaine adjoint de la sélection canadienne. 

Qui sont les médaillés de 2018?

Trois joueurs de l’équipe actuelle ont remporté la médaille de bronze il y a quatre ans aux JO de PyeongChang, en Corée du Sud. Il s’agit de Maxim Noreau, le défenseur des ZSC Lions, Eric O’Dell et Mat Robinson. En 2018, les Canadiens avaient buté sur l’Allemagne en demi-finale avant de battre la République tchèque dans le match pour la troisième place. 

Le Canada a-t-il des chances de gagner? 

Ne posez surtout pas cette question à un joueur canadien! Le Canada, peu importe sa composition, joue toujours pour l’or, dans n’importe quelle compétition. «Dans ce genre de tournoi, l’équipe qui va jusqu’au bout est celle qui sera la plus «chaude» sur le moment». Si les Canadiens réussissent à monter dans les tours au bon moment, une surprise n’est pas à exclure. C’est le Canada, après tout. La sélection à la feuille d’érable affrontera les Etats-Unis, l’Allemagne et la Chine durant la phase de groupes. 

Voici à quoi aurait pu ressembler la sélection

Le spécialiste de la NHL pour TSN, Craig Button, avait imaginé l’effectif ci-dessus en novembre 2021.

Le spécialiste de la NHL pour TSN, Craig Button, avait imaginé l’effectif ci-dessus en novembre 2021. 

Plusieurs mois – et parfois même plusieurs années – avant les Jeux olympiques 2022, lorsque la participation de la NHL aux JO de Pékin semblait encore très probable, la plupart des médias sportifs nord-américains se sont lancés dans les très populaires projections consistant à assembler la meilleure équipe canadienne possible avec toutes ses stars. Des stars, ou plutôt des superstars, ce n’est vraiment pas ce qui manque au Canada: Connor McDavid, Sidney Crosby, Nathan McKinnon, Drew Doughty, Cale Makar, etc. Il y a l’embarras du choix: à un tel point qu’il serait possible de composer plusieurs équipes différentes de force plus ou moins égale si l’on puisait dans les effectifs des équipes de NHL pour composer une sélection olympique pour les JO. Avec le retrait de la NHL pour cette édition des JO en Chine, les «dépanneurs» canadiens, pour la plupart évoluant en Europe, ne suscitent qu’un intérêt forcément très mesuré dans leur pays. 

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