FranceNeuf personnes, dont le rappeur MHD, renvoyées aux assises pour un meurtre
En juillet 2018, un jeune homme avait été renversé par la voiture de MHD, puis tabassé et poignardé. En compagnie de huit personnes, le musicien sera jugé en 2022.
Neuf personnes, parmi lesquelles le rappeur MHD, seront jugées devant la Cour d’assises de Paris pour le meurtre d’un jeune homme lors d’une rixe, à l’été 2018, a indiqué, vendredi, une source judiciaire. Celle-ci, confirmant une information du quotidien «Le Parisien», a précisé que l’ordonnance de mise en accusation renvoyait l’artiste pour «meurtre», mais n’a pas détaillé les qualifications précises visant les huit autres accusés, dont plusieurs étaient également mis en examen pour «meurtre». Tous encourent 30 ans de réclusion criminelle.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, Loïc K., 23 ans, avait été renversé par une voiture, passé à tabac puis blessé à l’arme blanche dans le Xe arrondissement de la capitale française. Une dizaine de personnes se sont acharnées sur lui, une scène filmée sur un téléphone portable par un témoin depuis une fenêtre, un élément-clé du dossier. Loïc K. est très rapidement mort de ses blessures.
Identifié par plusieurs témoins
La voiture de MHD, une Mercedes noire reconnaissable, est celle qui a renversé le jeune homme, mais plusieurs acteurs du dossier assurent que le rappeur la prêtait très régulièrement. Outre cet élément, plusieurs témoins ont indiqué avoir identifié formellement MHD, notamment par sa coupe de cheveux ou un survêtement de la marque Puma, dont il était l’ambassadeur. Mais le rappeur a constamment nié les faits.
Dans son ordonnance, la juge retient à décharge que «le profil génétique du rappeur n’a pas été retrouvé sur la scène de crime» et «qu’il n’est pas contesté que ce véhicule était utilisé par plusieurs personnes de son entourage». Elle estime toutefois les «charges suffisantes» pour renvoyer aux assises MHD. notamment au vu de «plusieurs témoignages» l’identifiant sur place, ainsi que par ses déclarations «très évolutives et en contradiction avec certains éléments du dossier s’agissant de son emploi du temps la nuit des faits».
«Nous avons apporté, tout au long de l’information judiciaire, de nombreux éléments objectifs disculpant notre client», a commenté Me Antoine Vey, avocat du musicien. «Or l’ordonnance de mise en accusation retient absolument les mêmes idées qu’au départ», a-t-il ajouté, estimant «positif» de passer au stade de l’audience. «C’est un dossier qui repose sur de très faibles charges, qui pourront être balayées lors du procès.»
Cet homicide a mis un net coup d’arrêt à la carrière de MHD, inventeur autoproclamé de l’«afro-trap», mélange de rap et de musiques africaines, et qui s’était fait connaître notamment par un tube à la gloire du PSG et a suscité l’intérêt de Madonna ou Drake.
Un an et demi en prison
En janvier 2019, MHD avait été mis en examen pour «homicide volontaire» et écroué dans cette affaire de règlement de comptes supposé. Après un an et demi de détention, il a été remis en liberté à l’été 2020, sous contrôle judiciaire, et a sorti depuis un nouvel album.
L’enquête a longtemps cherché à préciser le degré de responsabilité de chacun des neuf protagonistes, le déroulé précis de la soirée, et notamment tenté de comprendre si ce meurtre est intervenu en représailles d’une intrusion violente au domicile de l’une de personnes mises en cause, plus tôt dans la soirée.