Chaîne du BonheurLa distribution des 82 millions de dons pour l’Ukraine a déjà commencé
L’argent récolté par la Chaîne du Bonheur est utilisé pour de l’aide immédiate, mais aussi pour des projets à long terme, telle la construction d’hôpitaux pour les blessés de guerre.
Dans le travail humanitaire, le principe est de soutenir d’abord les femmes et les enfants avant de prendre en compte les hommes. Mais que faire lorsque 80% des personnes ayant besoin d’aide sont des femmes et des enfants? Où fixer les priorités? Ce ne sont que deux des questions qui préoccupent actuellement Tasha Rumley, interviewée par la «NZZ am Sonntag». La responsable de programme de la Chaîne du Bonheur participe aux décisions concernant l’utilisation des fonds – 82 millions de francs (un record!) récoltés jusqu’à présent – que les Suisses ont donné pour les victimes de l’Ukraine en proie à la guerre.
Afin d’évaluer les besoins des réfugiés et la situation, la Vaudoise s’est rendue en Pologne et sur la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie: «Certains ont juste besoin d’une carte SIM européenne, car les cartes ukrainiennes ne fonctionnent pas dans l’espace de l’UE, d’autres se retrouvent sans rien», rapporte-t-elle. Pour l’heure des milliers de bénévoles sont encore actifs dans ces pays. «Ensuite, le grand défi sera de mettre en place dans les pays voisins une infrastructure professionnelle avec des milliers de collaborateurs rémunérés, parlant russe ou ukrainien, qui tiendra pendant des mois», explique Tasha Rumley.
Argent liquide pour les vrais besoins
Déjà, la Chaîne du Bonheur a alloué 300’000 francs à un projet de l’organisation suisse Solidar qui distribuera de l’argent aux réfugiés démunis – environ 300 francs par famille – afin qu’ils puissent s’acheter ce dont ils ont vraiment besoin. Autre projet en lice pour recevoir des fonds: un centre d’hébergement pour réfugiés récemment construit dans un hôtel du centre de la Roumanie, où vivent 128 femmes dont 10 ont déjà perdu leur mari dans la guerre.
Projets soutenus directement en Ukraine
Dans les prochains temps, la Chaîne du Bonheur soutiendra surtout des projets de réfugiés dans les pays voisins de l’Ukraine, explique Tasha Rumley. Et «dès que possible, nous utiliserons les fonds en Ukraine même». La Chaîne du Bonheur s’attend en effet à ce que l’argent des dons suisses soit utilisé pendant une dizaine d’années pour des projets d’aide – par exemple pour la construction d’hôpitaux dans lesquels les blessés de guerre seront soignés. Car il apparaît que le centre politique et économique du pays va se transférer vers l’ouest, avec au moins 2 millions de personnes de l’est et du sud déplacées à l’interne, selon les prévisions des organisations. Ils chercheront probablement un abri permanent à Lviv et dans les autres villes de l’ouest et devront être logés, nourris, soignés et trouver du travail. Un défi énorme. «Il serait donc irresponsable de dépenser tous les fonds au cours des prochains mois», conclut la responsable de programme.