CommentairePour Ignazio Cassis, la Suisse est du côté des victimes
Après sa poignée de main critiquée avec Sergueï Lavrov il y a un mois à l’ONU, le président de la Confédération a rappelé que la Suisse était du côté de l’Ukraine meurtrie en allant visiter Volodymyr Zelensky.
- par
- Eric Felley
Le 22 septembre dernier, le président Ignazio Cassis provoquait une polémique lors de sa visite à l’ONU en serrant la poigne du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, avec un sourire quelque peu crispé. Ce jour-là Vladimir Poutine venait d’annoncer une mobilisation partielle en Russie pour augmenter de 300 000 soldats ses forces sur le front. Le conseiller national Nicolas Walder (V/GE), membre de la Commission de politique extérieure du National (CPE) avait alors parlé «d’une erreur crasse en matière de communication».
Aujourd’hui le même Nicolas Walder félicite le président de la Confédération pour sa visite jeudi à Kiev, auprès du président Volodymyr Zelensky: «C’est un geste de solidarité fort et cohérent, dit-il dans divers médias. Ignazio Cassis réaffirme le soutien de la Suisse à l’Ukraine et au droit international au moment où Vladimir Poutine mise sur la lassitude des démocraties occidentales». À l’occasion de cette visite Ignazio Cassis a une fois de plus appelé la Russie à la désescalade et «au retrait complet des territoires ukrainiens».
Aucune perspective de paix
Sur le fond, de Lavrov à Zelensky, le message du président de la Confédération ne varie pas. On peut certes se poser la question de son efficacité dans un conflit qui s’est cristallisé de part et d’autre et qui n’offre, pour l’heure, pas la moindre perspective de paix. Au contraire, pour la Russie, cette guerre ne peut avoir qu’une seule issue: l’écrasement de l’ennemi. C’est ce qui se passe depuis le changement à la tête de l’armée russe. Dès l’aube, les missiles et les drones à longue distance volent et tombent sur l’Ukraine pour détruire ses infrastructures. De temps en temps une bombe finit dans un immeuble, où dorment des civils.
Pour un autre genevois de la CPE, Yves Nidegger (UDC/GE), la visite d’Ignazio Cassis au président de l’Ukraine est au contraire un affront à la neutralité helvétique: «Cette opération de communication ne profite qu’à Volodymyr Zelensky, regrette-t-il, auquel les chefs d’État rendent de moins en moins visite.» Et d’ajouter: «Il y a quelque chose de surréaliste à parler de reconstruction alors que les bombes continuent à tomber».
Un front aussi en Suisse
Justement, c’est parce que les bombes continuent de tomber qu’il ne faut pas céder à cette lassitude. Nous assistons impuissants à la mise à mort d’un pays démocratique par un régime autoritaire et nostalgique prêt à tout, y compris à sacrifier des milliers de ses propres soldats dans cette folie.
La position d’Yves Nidegger illustre qu’en Suisse aussi, la guerre a ouvert un front, certes marginal. Il existe bel et bien une intelligentsia russophile qui argumente en faveur de Moscou contre l’Occident et l’Otan. Mais la Suisse officielle s’est clairement positionnée en faveur du droit international, donc de l’Ukraine. Le président Cassis l’a rappelé jeudi prenant le risque d’aller à Kiev pour apporter son soutien à Volodymyr Zelensky dans un pays de plus en plus dévasté.