VOTATIONS FÉDÉRALESLa forme des partis passée au crible
La «SonntagsZeitung» a évalué la vitalité des partis politiques suisses, en vue notamment des prochaines élections fédérales. Les Vert’libéraux sont en tête, le Centre en queue de peloton.
Le 22 octobre prochain, jour des élections fédérales, «on verra si la vague verte s’est effectivement essoufflée, si l’UDC peut corriger sa défaite de 2019 et si le changement de nom de l’ancien PDC a été bénéfique», écrit la «SonntagsZeitung». Elle ajoute que le résultat de la gauche exercera aussi une influence sur la future composition du Conseil fédéral, lequel sera élu en décembre par les futurs membres du nouveau parlement.
C’est le préambule de la vaste analyse-test des partis gouvernementaux menée par le journal dominical. Une analyse fondée sur leurs performances au parlement, leurs résultats lors des votations populaires au niveau national et lors des élections cantonales, ainsi que sur les résultats des derniers sondages de popularité et les performances de ses cadres.
Voici le constat et le classement qui en ressort.
1. Vert’libéraux: «mûri en élève modèle»
Selon l’analyse, les Vert’libéraux «commencent l’année électorale en pole position» et devraient remporter les élections législatives selon les derniers sondages après avoir déjà connu, en 2019, la deuxième plus forte progression. Ils n’ont jamais été aussi forts depuis leur création en 2007, que ce soit lors des votations populaires nationales (69% des scrutins remportés) ou au Conseil national, bien que le Centre et le PLR s’imposent encore davantage.
Seul le président, Jürg Grossen n’obtient pas les meilleures notes: il reste dans la moyenne des autres chefs de parti dans les sondages, avec toutefois de meilleurs résultats qu’il y a quatre ans.
2. PLR: «en pleine ascension»
Le PLR semble être en train de renaître de ses cendres après avoir été perdant des dernières élections nationales et dans de nombreux cantons. Mais divers facteurs laissent présager un come-back: d’une part, la population vote plutôt pour des partis de droite en période d’incertitude. D’autre part, le nouveau président, Thierry Burkart «a conduit les radicaux sur une voie strictement bourgeoise», note le journal dominical. Et il a la faveur des électeurs, selon les résultats de plusieurs élections cantonales. Dans le dernier sondage électoral national (octobre 2022), le parti faisait aussi partie des vainqueurs. Ce n’est que lors des votations populaires que le parti a connu une baisse de régime au cours des deux dernières années (gagnant que de 63%).
3. L’UDC: «l’opposition est tout»
Depuis sa grande défaite de 2019, l’UDC suit une ligne d’opposition encore plus dure. Au parlement, elle perd régulièrement et est ainsi le parti placé le plus souvent du côté des perdants sous la Coupole. Tout comme il est le parti qui a perdu le plus souvent des votations populaires.
Ses dirigeants ont aussi un problème de crédibilité selon les sondages, avec des notes insuffisantes pour ses conseillers fédéraux, même si Guy Parmelin est récemment un peu remonté. Parmi les chefs des partis gouvernementaux, Marco Chiesa est considéré comme celui avec la plus faible influence sur son propre parti. Néanmoins, l’UDC semble fonctionner: le parti a pu stopper les pertes de sièges dans les parlements cantonaux et, selon les sondages, il pourrait légèrement progresser cet automne.
4. PS: «détente fragile»
Le PS était perdant aux dernières élections nationales, puis au niveau cantonal (moins 39 sièges). Mais au parlement il parvient de plus en plus à des compromis, notamment en matière de politique énergétique. Lors des votes, le PS s’impose même nettement mieux qu’il y a quatre ans, et son groupe parlementaire se montre très uni. Des succès ont également été enregistrés dans les urnes, notamment lors des référendums sur les questions fiscales.
Entre-temps, la nouvelle codirection du PS a gagné en crédibilité et Mattea Meyer et Cédric Wermuth obtiennent de meilleurs résultats dans les sondages que les dirigeants de l’UDC, des Vert·e·s et des Verts’libéraux. Alain Berset est même le conseiller fédéral le plus apprécié des Suisses, malgré les diverses affaires et la sanction au parlement. Malgré tout, il ne semble pas que les élections d’automne soient gagnées pour le parti.
5. Les Verts·e·s: les sauvages se sont «apprivoisés»
Il y a quatre ans, les Verts étaient encore le parti protestataire par excellence. Or, sous la houlette du nouveau président Balthasar Glättli, il a évolué considérablement et est vraiment devenu «apprivoisé», selon la «SonntagsZeitung». En 2022, le parti a voté avec la majorité dans 64% des cas au parlement (47% en 2018). Un changement de style avec lequel il souhaite prouver qu’il est prêt pour siéger au Conseil fédéral, selon le journal zurichois.
Reste à savoir si l’électorat «ne préférerait pas voir revenir au Parlement les anciens écologistes intransigeants». En effet, selon les sondages, la vague verte est finie, et le président Balthasar Glättli n’est pas particulièrement bien perçu. Selon un sondage, seuls 44% des sondés estiment qu’il exerce une influence positive sur son parti.
6. Le Centre: «divisé et pourtant faiseur de majorité»
La cote de l’ancien PDC est toujours en baisse, et aucun parti n’a perdu autant de sièges dans les parlements cantonaux (moins 42) au cours de ces trois dernières années. Un nouveau recul menace lors des élections fédérales, même s’il serait minime. Bien que toujours considéré comme un parti gouvernemental, il parvient toujours moins à s’imposer devant le peuple. Pourtant, la conseillère fédérale Viola Amherd et le président Gerhard Pfister obtiennent de bonnes notes dans les sondages par rapport à la concurrence.
Mais le président peine parfois à unifier le parti et aucun groupe ne contient autant de dissidents sous la Coupole. Néanmoins, le Centre remporte le plus de votes au parlement. Loin d’être contradictoire, «il s’avère plutôt que le centre trouve finalement une faible majorité au sein du groupe parlementaire pour faire passer des projets», selon l’analyse de la «SonntagsZeitung».