Qatar 2022Commentaire: Murat Yakin, l’homme qui veut la lumière
À force de prétendre avoir la bonne idée, Murat Yakin a vu son échec tactique contre le Portugal être exposé en mondovision. Leçon d’humilité?
- par
- Valentin Schnorhk Doha
L’équipe de Suisse a été éliminée en 8es de finale de la Coupe du monde. C’est une habitude. La quatrième fois, en cinq éditions. Murat Yakin n’a fait ni mieux, ni moins bien que les trois sélectionneurs en poste avant lui. Il porte le mérite de ce parcours, comme Köbi Kühn, Ottmar Hitzfeld et Vladimir Petkovic avant lui. À relever également, il est sorti en tête d’un groupe de qualification qui comportait l’Italie, et reste sur deux victoires en Ligue des nations contre le Portugal et contre l’Espagne. Tout cela, Murat Yakin l’a à son crédit.
Mais juger le résultat, c’est aussi jauger l’entraîneur. Et son approche du rôle. Parce que sa crédibilité, c’est avant tout ce que le sélectionneur s’est empressé de vouloir gonfler dès sa nomination en août 2021. Ce devait être son équipe de Suisse, et non plus celle de Vladimir Petkovic.
Par complexe d’infériorité? Par arrogance? Par reniement? Les premiers messages transmis étaient clairs: la défense à quatre comme référence, la conviction de sa capacité à corriger certains aspects tactiques comme moteur.
Par ses premiers choix, aussi, il devait marquer sa patte: la sélection de Fabian Frei, par exemple, et le temps de jeu qui lui a été accordé. La Suisse s’est qualifiée ainsi, Yakin en a tiré des louanges. Pareil lorsque l’équipe nationale a redressé la barre en Ligue des nations: Yakin s’en est félicité, louant ses propres plans de match.
La prétention d’avoir la bonne idée. Il y a là du Murat Yakin tout craché. Même quand les bruits du vestiaire permettent d’en douter, sachant que parfois ces derniers mois, ce sont les leaders qui ont fini par interpréter à leur sauce les choix de leur entraîneur, il en assume volontiers la paternité. Mercredi encore, lendemain de débâcle, il réitérait sa certitude d’avoir fait les bons choix la veille.
Murat Yakin est ainsi: il veut être celui qui a pensé mieux qu’un autre. S’il peut surprendre, c’est encore plus fort. Mardi soir, contre le Portugal, il a aussi surpris son équipe, en choisissant ce système à trois défenseurs qu’il n’avait jamais vraiment travaillé. Cela aurait fonctionné que Yakin s’en serait gargarisé. Sauf que cette fois, c’est à sa propre figure que cet échec lui est renvoyé.
À vouloir la lumière, Murat Yakin a exposé ses procédés à la vue de tous. À défaut de la gloire, il pourra en tirer un soupçon d’humilité.