SurveillanceFait rare à Berne: l’UDC soutient une proposition de la gauche
Le groupe UDC a soutenu un postulat de Samuel Bendahan (PS/VD) visant à protéger la vie privée face aux nouvelles technologies et à la surveillance de masse.
- par
- Eric Felley
C’est assez rare pour le signaler, en plus en année électorale, le groupe UDC a voté jeudi en faveur d’un postulat soutenu par la gauche, en l’occurrence une proposition du socialiste vaudois Samuel Bendahan (PS/VD). Celui-ci demande au Conseil fédéral d’établir «un rapport qui établit les risques liés aux technologies de surveillance et de reconnaissance, et à envisager de présenter des mesures qui sont à même de protéger la population d’une invasion inacceptable de leur vie privée»
Caméras partout, reconnaissance faciale ou logiciel de traçage, les progrès numériques avancent avec comme corollaire des possibilités inédites de surveillance. Samuel Bendahan met en garde contre cette évolution: «Il devient évident que les problèmes liés à la surveillance de masse ne se limitent pas à la question de la surveillance par l’État de la population, mais aussi de la possibilité par de puissants acteurs privés d’organiser des réseaux de surveillance de masse. Il est important d’agir avant que cette technologie ne devienne trop prévalente».
«Ils n’ont pas toujours de mauvaises idées»
Est-ce que le groupe UDC se serait trompé de bouton en votant cette proposition soutenue par le camp rose-vert?: «Non, pas du tout, répond le conseiller national Pierre-André Page (UDC/FR). Nous avons parlé de ce sujet avant. Ils n’ont pas toujours de mauvaises idées. Pour nous, c’est important de traiter de ce sujet qui concerne le respect de la vie privée. Samuel Bendahan est quelqu’un avec qui on peut parler. Je pense que l’on doit discuter entre nous, car c’est un sujet très important».
L’UDC contre la surveillance de masse
Samuel Bendahan est ravi que sa proposition n’a pas provoqué le blocage habituel de l’UDC face aux propositions de la gauche: «Sur ce type de sujet concernant des techniques de surveillance, relève-t-il, nous pouvons avoir une approche commune. Je suis très content que l’UDC ait soutenu ce texte. Les gens de l’UDC n’ont pas envie d’une société où tout le monde surveille tout le monde. C’est cohérent avec ce qu’ils disent, ils s’opposent à la surveillance de masse. Je m’étonne d’ailleurs que le PLR, si attaché à la liberté individuelle, n’ait pas suivi».
Le Conseil fédéral était contre, car il souhaite «attendre les effets de la nouvelle loi fédérale sur la protection des données, ainsi que le résultat des travaux du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne dans le domaine de l’intelligence artificielle avant d’examiner l’opportunité de prendre des mesures».
Samuel Bendahan estime qu’il n’est plus temps d’atermoyer. Il travaille dorénavant sur une initiative parlementaire visant à intégrer dans la Constitution helvétique la notion d’intégrité numérique: «Là aussi, certains élus de l’UDC sont favorables à cette approche», conclut-il.