Un élu propose des rabais d’impôts pour ceux qui bossent à 100%

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TravailUn élu propose des rabais d’impôts pour ceux qui bossent à 100%

Le conseiller aux États PLR Damian Müller veut inciter le travail à plein temps pour notamment lutter contre la pénurie de main d’oeuvre.

Yannick Weber
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Yannick Weber
Les deux tiers des enseignants travaillent à temps partiel.

Les deux tiers des enseignants travaillent à temps partiel.

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L’UDC agite la crainte d’une Suisse à 10 millions d’habitants mais ne propose rien pour l’éviter. C’est en tout cas l’opinion du conseiller aux États Damian Müller (PLR/LU). Dans la NZZ de dimanche, il dévoile l’idée qu’il déposera cette semaine au Parlement: octroyer une déduction fiscale à toutes les personnes qui ont un emploi à plein temps. Ainsi, on incite les gens à bosser plus et on exploite la main d’oeuvre en Suisse sans devoir recourir à des immigrants pour éviter les pénuries de personnel.

L’élu cite le cas des enseignants. Selon les statistiques, à peine un tiers d’entre eux bossent à 100% et augmenter le taux moyen résoudrait la pénurie. Globalement, le temps partiel ne cesse de croître ces dernières décennies, notamment chez les hommes. Et les travailleurs auraient tort de se priver, dit Damian Müller, qui a fait ses petits calculs. Passer d’un poste à 80% à un à 100% n’est pas forcément intéressant: le temps passé au boulot augmente… tout comme la facture des impôts! D’où l’idée d’un coup de pouce. Il l’imagine comme une déduction fixe du revenu imposable, un peu comme pour le 3e pilier.

Bonne idée, solution discutable

«Comment expliquer à un artisan qu’il doit payer le même montant d’impôts avec son travail à temps plein qu’une personne qui ne travaille qu’à 50% et gagne quand même le même salaire? Le système actuel favorise implicitement les hauts revenus qui travaillent peu», analyse l’économiste Marius Brülhart. 

Économiste également, Mathias Binswanger trouve aussi que l’objectif est louable mais que le moyen proposé n’est pas le bon. «Notre système fiscal est déjà bien trop compliqué. Il serait plus efficace de réduire la progression de l’impôt et, en contrepartie, supprimer la plupart des déductions, qui profitent souvent aux plus riches», dit-il. Le Parlement aura à se prononcer ultérieurement.

Contre la tendance

Pas sûr que Damian Müller ne trouve une majorité. À Berne, le Conseil fédéral vient de répondre à une élue PS qui demandait qu’on promeuve le temps partiel chez les hommes en rappelant qu’il subventionne déjà le Bureau de l’égalité, qui met sur pied des programmes en ce sens. Même parmi les libéraux, l’unité n’est pas de mise. Un économiste du groupe de réflexion Avenir Suisse disait cette année encore: «Pourquoi devrions-nous nous en mêler si les hommes veulent travailler moins?» Il relevait lui aussi toutefois que «l’important est d’avoir une fiscalité telle que le fait de travailler plus en vaille la peine».

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