Fusillades à Marseille: «Qu’ils arrêtent de tuer nos enfants. On se sent à l’abandon. On attend de l’aide»

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Fusillades à Marseille«Qu’ils arrêtent de tuer nos enfants. On se sent à l’abandon. On attend de l’aide»

Dans la nuit de dimanche à lundi, Marseille a vécu un nouvel épisode sanglant sur fond de guerre de territoires et de vendetta entre trafiquants de drogue.

AFP

Trois fusillades, trois morts, dont un adolescent de 16 ans: dans la nuit de dimanche à lundi, Marseille, deuxième ville de France, a vécu un nouvel épisode sanglant, une fois encore sur fond de guerre de territoires et de «dynamique de vendetta» entre trafiquants de drogue.

Rajeunissement des victimes

Et cette «dynamique particulièrement inquiétante (...) va se poursuivre dans les mois à venir», a estimé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, en commentant «ces bains de sang dans nos cités, avec malheureusement des très jeunes en première ligne».

21 et 23 ans pour les deux morts dans la première fusillade, survenue cité du Castellas autour de minuit, dans ces quartiers populaires  gangrénés par la pauvreté, le chômage et les trafics de stupéfiants ; 16 ans pour l’adolescent tué une demi-heure plus tard au coeur de la ville. Au total, huit personnes ont également été blessées dans ces trois fusillades, dont un adolescent de 15 ans qui se trouvait «encore en pronostic vital très engagé (lundi soir), en état vraiment très grave», a précisé Mme Laurens.

Âgées de 27 ans en moyenne il y a une dizaine d’années, les victimes des règlements de comptes entre gangs à Marseille sont désormais quatre ans plus jeunes, selon une étude faite sur les neuf premiers mois de 2022 citée par la procureure.

Contrôle des territoires et vendetta

Ouvertes pour assassinat en bande organisée, tentative d’assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs, les enquêtes sur ces trois fusillades ont été confiées à la police judiciaire.

Une certitude pour la procureure de Marseille: ces nouveaux drames sont le résultat de «deux forces en présence», d’«une double logique», «une logique de contrôle des territoires, et notamment celui de la cité de la Paternelle, et une logique de vendetta, de représailles».

C’est là qu’un garçon de 17 ans, connu pour «dealer», avait été lynché à mort mi-février. Là aussi que, fin mars, le corps d’un homme de 20 ans, criblé de balles, avait été retrouvé, abandonné sur un terrain vague.

«Qu’ils arrêtent de tuer nos enfants»

Et les statistiques des homicides sur fond de trafic de drogue ne cessent de s’accélérer en 2023, constate la procureure de Marseille, avec déjà 14 morts et 43 blessés en à peine trois mois, tous dans la deuxième ville de France. En 2021 et 2022, sur le ressort du tribunal judiciaire de Marseille, ce sont respectivement 25 et 32 morts qui avaient été recensés.

«Qu’ils arrêtent de tuer nos enfants. On se sent à l’abandon. On attend de l’aide, que les politiques essaient de désamorcer tout ça. Ce sont des bébés (NDLR: les victimes), il faut faire quelque chose pour les aider à ne pas tomber dans ces engrenages, ou à en sortir», demandait mardi après-midi Zahia Meziene, porte-parole du collectif des familles de victimes de Marseille, à la cité du Castellas.

(AFP)

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