COURSE DE MONTAGNEMaude Mathys et Kilian Jornet insatiables à Sierre-Zinal
Tenants du titre, la Vaudoise et l’Espagnol ont assuré le spectacle en s’imposant lors de la 48e édition de la Course des cinq 4000.
- par
- Pierre-Alain Schlosser
Les favoris de Sierre-Zinal se sont imposés en solo, samedi, lors de la 48e édition de la Course des cinq 4000. L’Espagnol Kilian Jornet s’est adjugé une 9e victoire sur le parcours anniviard en 2h31’44. «Gagner neuf fois est un rêve, a-t-il déclaré. Je suis venu ici pour la première fois en 2009. À chaque fois, c’est difficile. On va essayer de gagner une 10e fois.»
Jornet a devancé le Britannique Robbie Simpson de 42 secondes et l’Italien Cesare Maestri de 2’07. Rémi Bonnet qui a fait jeu égal avec Jornet jusqu’à Chandolin a rétrogradé au 9e rang (+5’34). «J’ai essayé de jouer ma carte dans la montée, raconte le Fribourgeois. J’avais l’impression d’être en forme jusqu’à l’hôtel Weisshorn. Ensuite, j’ai vraiment pris un coup de massue sur la tête. Ça veut peut-être dire que j’ai mal préparé mon affaire. Il va falloir revoir cela. J’ai pu courir sur la première partie avec Kilian Jornet, mais c’est vraiment un extraterrestre.»
«Jamais facile»
Un extraterrestre qui a le triomphe modeste: «C’est jamais facile de gagner Sierre-Zinal, il faut batailler. Mais pendant la course, on se motive en regardant le paysage, les spectateurs et les bénévoles qui nous encouragent. Même si on est dans le dur, on profite toujours de cette ambiance unique.»
Chez les dames, Maude Mathys a démontré qu’elle était la patronne de Sierre-Zinal. Recordwoman de l’épreuve et invaincue sur le tracé de 31 km (2200 m de montée et 1100 m de descente) depuis 2019, l’athlète d’Ollon a célébré son troisième succès en marchant sur les mains, un rituel pour elle dans la station valaisanne. La multiple championne d’Europe et vice-championne du monde de course de montagne a fait taire les doutes sur sa santé en prenant les devants dès la première montée sur Ponchette. Maude Mathys avait connu la semaine dernière des soucis cardiaques, lors de la course Thyon-Dixence. Troisième de cette dernière épreuve, elle avait dû ralentir en raison de palpitations inhabituelles.
«J’ai repris confiance en moi»
Mais samedi, la Boyarde a remis les pendules à l’heure, en bouclant le tracé sans forcer, avec un chrono de 2h46’03’’, soit 2’45’’ de mieux que l’an dernier. «J’ai repris confiance en moi par rapport à mes soucis cardiaques, a-t-elle commenté à l’arrivée. J’avais peur que ça se réitère. La montée m’a bien convenu, j’ai pu me mettre dans mon rythme. Quand j’ai vu à Ponchette et à Chandolin que j’étais dans mes temps de record, je me suis dit “cool”. En plus je n’ai pas trop tiré. En tout cas, pas pour me mettre dans le rouge. Dans les 5 derniers km, j’ai pu relâcher, spécialement dans le dernier km où j’ai pu profiter.»
Comme en 2020, le record (détenu par Maude Mathys en 2019 en 2h49’20’’) ne sera toutefois pas homologué car réalisé sur un parcours de la catégorie Touristes (passage par la chapelle de Saint-Antoine). La Vaudoise devance la Néerlandaise Nienke Brinkman (+2’55) et la Française Anaïs Sabrié (9’2’).
Pour l’anecdote, il s’agit de la première fois qu’une femme (le départ féminin est donné 15 minutes avant les messieurs) n’est pas rattrapée par le vainqueur masculin. «Je vois que le chrono est battable, estime Maude Mathys. Si je vais à fond jusqu’au bout, je sais que je peux encore grappiller une minute ou même plus. Ça met en confiance. J’aimerais bien battre mon record, dès que la situation sera redevenue normale.» Le rendez-vous est pris pour 2022.