Nanterre (F)Après la mort de Nahel, plusieurs villes mettent en place un couvre-feu
Pour tenter de limiter les violences qui pourraient survenir dans la nuit de jeudi à vendredi après la mort d’un jeune homme, les autorités françaises ont décidé de prendre des mesures.
En France, un couvre-feu nocturne a été mis en place dans plusieurs villes comme Clamart (Hauts-de-Seine) ou Compiègne (Oise) de jeudi soir à lundi matin, en réponse aux violences survenues depuis la mort du jeune Nahel à Nanterre mardi. La Municipalité de Clamart a instauré un couvre-feu entre 21 h et 6 h de jeudi soir à lundi matin, a annoncé la mairie dans un communiqué.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une rame de tramway a été incendiée dans cette ville de banlieue cossue et plutôt tranquille. La mairie de Compiègne, dans l’Oise, a également imposé, jeudi, un couvre-feu de 22 h à 6 h jusqu’à lundi matin pour les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés d’un parent ou d’un représentant légal, a indiqué son service de presse à l’AFP.
À Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), où sept véhicules de la police municipale ont été détruits par les flammes, le maire Zartoshte Bakhtiari (SE) a décidé de mettre en place un couvre-feu partiel sur trois quartiers de la ville: les Fauvettes, les Primevères et le secteur de la mairie. Des violences urbaines ont éclaté dans de nombreuses villes d’Île-de-France lors des deux nuits suivant la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer.
«Disproportionné»
Pris pour cible mercredi soir lors des émeutes, les tramways et autobus ne circuleront pas jeudi soir après 21 h en région parisienne, «pour assurer la protection des agents et des voyageurs», a annoncé la présidente d’Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse.
À Compiègne, la mesure de couvre-feu fait suite à une série de violences dans le quartier prioritaire du Clos-des-Roses où, selon la mairie, «beaucoup de tirs de mortier» ont visé policiers et pompiers dans la nuit, tandis que des poubelles et véhicules ont été incendiés. Le maire LR de la ville, Philippe Marini, a déjà par le passé imposé des couvre-feux nocturnes pour les mineurs, notamment pour la Fête de la musique en 2022.
Un avocat a annoncé à l’AFP avoir introduit, au Tribunal administratif de Cergy-Pontoise, un référé-liberté contre l’arrêté de couvre-feu de Clamart, «totalement disproportionné» à ses yeux. «La période de troubles entraîne des réactions inadaptées qui punissent collectivement les citoyens. La réponse sécuritaire n’est pas la réponse face au malaise social», a estimé cet avocat, Me Vincent Brengarth.
Excuses du policier
Le policier auteur du coup de feu qui a tué le jeune Nahel mardi a présenté ses excuses à sa famille pendant sa garde à vue, a rapporté jeudi son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, sur BFMTV. «Les premiers mots qu’il a prononcés étaient pour dire pardon et les derniers mots qu’il a prononcés étaient pour dire pardon à la famille», a déclaré Me Liénard.
«Mon client a été extrêmement choqué par la violence de cette vidéo (...) qu’il a vue pour la première fois lors de sa garde à vue», a également assuré le conseil, en référence aux images le montrant tirant le coup de feu qui a causé la mort du jeune homme de 17 ans.
«Il est dévasté, il ne se lève pas le matin pour tuer des gens. Il n’a pas voulu tuer», a-t-il ajouté. Le fonctionnaire a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi. Me Liénard a annoncé sur BFMTV qu’il allait faire appel de ce placement en détention dès vendredi matin.
«Généralisation» des violences
Les autorités s’attendent à «une généralisation» des violences les «prochaines nuits», selon une note des renseignements citée par une source policière. Cette note, divulguée par plusieurs médias, est datée de jeudi, au lendemain d’une deuxième nuit de violences urbaines dans tout le pays à la suite de la mort de ce conducteur mineur, prénommé Nahel. Il y est fait mention de «prochaines nuits» qui «vont être le théâtre de violence urbaine avec une tendance à la généralisation» avec «des actions ciblées sur les forces de l’ordre et les symboles de l’État ou de la puissance publique».