JusticeDix-huit mois de prison avec sursis requis contre Alexandre Benalla
La décision est tombée: le parquet a requis ce jeudi 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende à l’encontre d’Alexandre Benalla.
Le parquet a requis jeudi 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende à l’encontre de l’ancien chargé de mission de l’Élysée Alexandre Benalla, notamment pour les violences commises lors de la manifestation du 1er Mai 2018, à l’origine d’un scandale politique retentissant.
Le Ministère public a demandé que l’ex-proche collaborateur d’Emmanuel Macron soit aussi condamné pour avoir utilisé frauduleusement des passeports diplomatiques et de service, ainsi que pour avoir porté un pistolet sans autorisation en 2017.
Déflagration politique
Alexandre Benalla est jugé depuis le 13 septembre à Paris pour avoir brutalisé un couple et des manifestants en marge du cortège de la manifestation du 1er Mai 2018, des faits dont la révélation avait provoqué une déflagration politique en juillet 2018.
L’affaire Benalla, une cascade de révélations mettant en lumière les agissements de cet homme au cœur du dispositif de sécurité du président français, a secoué la première partie du quinquennat d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui âgé de 30 ans et reconverti dans le privé, l’ancien collaborateur est jugé jusqu’au 1er octobre, à sept mois du premier tour de la présidentielle.
Une peine de 1 an avec sursis a été requise à l’encontre de Vincent Crase, ex-employé d’En Marche!, présent avec Alexandre Benalla lors du cortège de la Fête du travail, ainsi que 2 et 4 mois avec sursis contre deux policiers de la Préfecture de police de Paris, jugés à leurs côtés dans un autre volet du dossier.
«Chronique d’un dérapage annoncé»
Dans une affaire «qui a fait couler beaucoup d’encre», «déjà jugée par le tribunal de l’opinion», le procureur Yves Badorc a demandé de revenir aux «faits» et non à leur «commentaire», faisant appel à la «souveraineté du tribunal».
Le magistrat a demandé la condamnation d’Alexandre Benalla pour avoir molesté deux manifestants au Jardin des plantes et un couple place de la Contrescarpe, ainsi que la condamnation de Vincent Crase pour des violences sur trois de ces personnes.
Décrivant le 1er Mai 2018 comme la «chronique d’un dérapage annoncé», le procureur a souligné que les deux hommes avaient «agi avec des policiers, comme des policiers et parfois à la place des policiers», alors qu’ils n’étaient ce jour-là qu’observateurs du cortège.
«C’est l’État, la puissance publique, dont l’émanation est la police, qui détient l’usage de la force», a-t-il lancé, soulignant que les agissements du duo ne pouvaient être «légitimes» et demandant leur condamnation pour «violences en réunion» et «immixtion» dans la fonction de policier.
Il a par ailleurs demandé pour l’ancien chargé de mission 5 ans d’interdiction de toute fonction publique et 10 ans d’interdiction de port d’arme.
Passeport diplomatique et port d’arme en toile de fond
Le parquet a estimé qu’Alexandre Benalla devait aussi être reconnu coupable d’avoir utilisé, après son licenciement, deux passeports diplomatiques lors de onze voyages, en Afrique, au Maroc ou aux Bahamas, et d’avoir réalisé un faux document afin d’obtenir un autre passeport, de service cette fois.
Il doit en outre être sanctionné pour avoir porté une arme sans autorisation le 28 avril 2017 à Poitiers après un meeting de campagne du candidat Macron, ont estimé les procureurs.
La condamnation des deux fonctionnaires de police, Maxence Creusat et Laurent Simonin, a enfin été requise pour avoir transmis, le soir de la publication de l’article du «Monde» le 18 juillet 2018 qui avait révélé le «Benallagate», des images de vidéosurveillance au collaborateur de l’Élysée, qui n’était pas autorisé à les recevoir. Les plaidoiries de la défense doivent débuter vendredi matin.