Cyclisme«Il ne faut pas mettre toute la faute sur les spectateurs»
Sur les pavés du Nord, une violente chute a marqué la cinquième étape du Tour de France, mercredi. «L’erreur est aussi professionnelle», note Pascal Richard.
- par
- Jérémy Santallo
Les images font vraiment froid dans le dos. Mercredi, lors de la cinquième étape du Tour de France entre Lille et Arenberg, une violente chute a marqué le passage des coureurs sur le troisième secteur pavé.
Lancé à plus de 40 km/h sur la bordure à droite de la route, Daniel Oss a percuté de plein fouet un spectateur qui était de dos, occupé à filmer avec son téléphone portable un athlète qui venait de passer. Pour l’Italien de TotalEnergies, la Grande Boucle est déjà terminée. «Les examens complémentaires ont mis en évidence une fracture d’une vertèbre cervicale nécessitant une immobilisation pour quelques semaines. Daniel Oss est donc contraint de quitter le Tour de France», a expliqué son équipe, jeudi matin.
Dans sa chute, Oss a malheureusement embarqué avec lui l’Autrichien Michael Gogl. Lui non plus ne s’est pas relevé de la violence du choc. «Nous sommes au regret d’annoncer que notre coureur souffre d’une fracture de la clavicule et d’une autre à l’os iliaque. Michael subira une opération à l’hôpital d’Herentals, en Belgique», a informé sa formation, Alpecin-Deceuninck.
Alors à qui la faute? À ces quelques spectateurs, dont les pieds débordaient sur les bordures? Ou aux coureurs qui roulent dans celles-ci pour gagner en vitesse et ainsi éviter la rudesse des pavés?
La «faute grossière» de Sagan
Contacté jeudi, Pascal Richard laisse entendre que les torts peuvent être partagés. Quoique… «Je ne pense pas qu’il faille mettre toute la faute sur les spectateurs, explique l’ancien coureur suisse. En tant que professionnel, on sait dans quoi l’on s’engage lorsque roule dans une bordure. C’est plus facile pour le sportif mais tu prends le risque de toucher un spectateur.»
Pour le double vainqueur d’étape sur le Tour de France, «l’erreur est surtout professionnelle», à l’instar de celle de Peter Sagan lors du Tour des Flandres, il y a cinq ans. «Il avait fait une faute grossière en roulant trop près des barrières et avait accroché une veste», se remémore Richard. À mon époque, les directeurs sportifs nous disaient souvent: ‘Faites attention les mecs, n’allez pas trop près alors que vous avez toute la route’».
Étape record
Mercredi, l’étape a été bouclée à de 48,661 km/h – presque trois de plus qu’en 2018 – , un record sur ce type de parcours avec secteurs pavés sur le Tour de France. Les coureurs prennent-ils plus de risques? «Non, je ne crois pas, poursuit le champion olympique sur route en 96. C’est juste que l’on voit tout avec les images et les différentes caméras, contrairement à mon époque. Et les pneus sont très performants et permettent d’aller beaucoup plus vite. Ils sont plus souples.»
Et Pascal Richard de relever l’importance du timing de la programmation. «Si on voit cette étape lors de la troisième semaine de compétition, ça va moins vite. Le peloton a gardé des forces parce qu’il l’appréhendait. On sortait aussi de deux étapes assez tranquilles et d’un jour de transit, donc les organismes étaient frais.» De quoi expliquer en partie cette vitesse record dans une étape qui a compté ses blessés.