InterviewZaz: «J’avais envie de m’arrêter pour m’occuper de moi»»
La chanteuse a vécu trois ans sous le signe du changement: elle a arrêté de boire, de fumer, de manger des animaux et elle a rencontré l’amour. Elle en parle dans son album «Isa», qui sort ce vendredi.
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Zaz sort son ablum «Isa» ce vendredi 22 octobre.
«Avant le confinement, j’avais déjà eu envie de m’arrêter pour m’occuper de moi», nous confie Zaz le sourire en coin. Elle n’avait pas soufflé depuis vingt ans. Le rythme était encore plus intense depuis la sortie de son single «Je veux», publié en 2010. À 41 ans, la chanteuse française a donc pris du temps pour se retrouver, se fixer de nouveaux objectifs et par la même occasion laisser le changement bousculer sa vie. «J’ai rapidement voulu reprendre le chemin du studio pour expliquer ce que je vivais.» De ces trois années remplies de surprises, elle accouche de son dernier album, «Isa», publié le 22 octobre. «Le plus personnel», dit-elle.
Dans ses textes comme dans sa musique, Zaz n’a utilisé aucun filtre et propose un travail brut qui ne laissera pas de marbre ceux qui écouteront ce disque. Elle y parle de sa belle-fille ou encore de son père. «Ce disque est très intime. Je me suis demandé si je devais mettre ses personnes en avant car elles vont se prendre mes morceaux dans la tronche. Mais au final, c’est moi. C’est ma sensibilité. Et qui sait? Mes titres pourront peut-être des chanson de guérison pour plein de gens.»
Rencontre avec une artiste qui s’est finalement trouvée et qui a la tête sur les épaules.
Durant ces trois ans où nous étions sans nouvelle de vous, en avez-vous profité pour vous reposer?
Absolument pas. (Rires.) Il y a eu plein d’événements particuliers dans ma vie. Des gens qui sont partis, des gens qui en sont entrés. J’ai fait un jeûne de trois jours car j’ai chopé le Covid. Je me rappelle que je tirais une taffe sur une clope et j’avais l’impression que j’allais crever. Je me suis dit: «Bon, là, il faut faire un truc.» Pendant trois jours, j’ai bu que de l’eau. J’en ai profité pour arrêter de boire, de fumer, de manger des animaux, j’ai arrêté aussi le café… J’ai vraiment changé mon quotidien et expérimenter autre chose. J’ai fêté mes 40 ans aussi (ndlr: le 1er mai 2020) et j’ai eu envie d’affronter des nouveautés. Il y a eu des événements très personnels, donc ça a fait remonter plein de choses.
De ces événements est né votre nouvel album «Isa». Un disque sans artifice, c’est ça?
Exactement. J’avais envie de quelque chose de très organique, mélangé avec des textures, des sons qui croustillent et des orchestrations. Le but était qu’il y ait quelque chose de très proche, très brut. Il y a juste le travail des voix qui a été fait avec les machines, mais sinon rien n’a été trafiqué. C’était le cahier des charges. J’espère que cet album va permettre aux gens d’avoir un soutien et de les nourrir, qu’importe ce qu’ils traversent.
Votre premier single «Imagine» est très frais et positif.
Je suis une rêveuse et une utopiste. Je rêve des choses et je les crée. D’autant plus qu’il est tellement facile de se laisser happer par les énergies et les informations négatives. Il n’y a que ça en boucle, ces temps. C’est hyperimportant de me nourrir de positif. Je ne dis pas que j’y parviens tout le temps, mais c’est ce que j’ai voulu mettre en évidence dans cette chanson. Il faut être patiente et être centrée sur soi-même.
Qui est Jayna dont vous parlez dans le titre «Ce que tu es dans ma vie»?
C’est ma belle-fille. Il y a un homme qui est entré dans ma vie et c’était l’un des événements déstabilisants de ces dernières années. Vous avez beau vous dire que vous êtes prête à rencontrer quelqu’un, ça reste déstabilisant. En plus, il a une fille. Du coup, je me retrouve avec un enfant dans ma vie et ces moments ensemble ont révélé plein de choses. C’est très intense et plein de beauté, mais il y a aussi de l’insécurité qui fait surface. Avoir une belle-fille, c’est une relation qui est particulière. Je ne suis pas sa mère, mais en même temps je l’ai choisie cette gamine. J’espère que cette chanson va parler à plein de gens, car je ne suis pas la seule à vivre cette situation.
Il y a trois ans vous parliez de votre envie de maternité. Qu’en est-il aujourd’hui?
J’en ai toujours envie et nous y travaillons ardûment. (Elle éclate de rire.)
Vous parlez encore une fois de la famille dans le texte «Comme tu voudras». Celui-ci est dédié à votre père. Pouvez-vous nous en dire plus?
Pendant le confinement, mon père est entré en EHPAD (ndlr.: Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Avec ma sœur, nous en avons profité pour nettoyer la maison et la vendre. Cela a fait remonter plein d’émotions. L’écriture de ce titre est passée par plein de phases. D’abord, des colères qui sont remontées car je pensais que tout était réglé. Mais non. Finalement, nous avons réécrit les paroles car j’avais digéré ma colère…
Quel genre de colère?
Nous voyons parfois nos parents comme des superhéros. Nous sommes très exigeants sur la manière dont ils devraient être. Mais au final, ils sont justes comme toi et moi. Si les personnes n’agissent pas d’une telle manière, c’est qu’elles n’en sont justes pas capables à la fin. Il s’agit certainement de l’une de mes chansons les plus personnelles, mais cet album est sensible et intime du début à la fin.
Vous allez partir en tournée et vous vous arrêterez le 10 février au Victoria Hall à Genève, le 12 avril au KKL à Lucerne et le 17 mai au Kongresshaus à Zurich.
Je vais m’arrêter partout en Suisse. (Rires.) Je me suis dit: «Ah j’ai vraiment envie de retrouver cette proximité avec le public et dans de beaux lieux.» Des endroits avec une âme, avec une histoire… Nous avons trouvé plein de salles et ça va être une sublime tournée. J’ai hâte de revoir le public.