FootballUlisses Garcia sous le maillot national après tant de rendez-vous manqués
Quatre ans après sa première convocation, le latéral genevois a finalement eu droit à du temps de jeu sous le maillot suisse. L’histoire d’un faux-départ.
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Ulisses Garcia a pu disputer la deuxième mi-temps de la rencontre contre la Grèce mercredi.
freshfocus«C’est toujours resté dans un coin de ma tête, même si je n’ai jamais trouvé le temps long.» Et pourtant. Jusqu’à ce Suisse-Grèce de mercredi soir, l’eau n’a jamais cessé de déferler sous les ponts. Ulisses Garcia sous le maillot suisse, c’est un peu l’histoire d’un faux départ. Tout cela arrive peut-être à point, mais avec quatre ans de retard.
En juin 2017, il avait déjà tâté de l’équipe de Suisse A. Il n’avait alors que 21 ans et était un pilier de l’équipe nationale des moins de 21 ans. Vladimir Petkovic l’avait sollicité pour faire partie du groupe pour deux rencontres, contre la Biélorussie à Neuchâtel, puis aux Iles Féroé, pour un match de qualification au Mondial 2018. Et depuis, plus rien.
C’est l’histoire d’une carrière, qui n’a pas décollé aussi facilement que prévu. Le Genevois n’avait que 15 ans, lorsqu’il a quitté Servette pour Grasshopper. Quelques apparitions en première équipe des Sauterelles, avant de faire un saut encore plus grand, vers le Werder Brême quatre ans plus tard. L’ascension est régulière. L’Onésien n’a pas vingt berges, qu’il a déjà disputé sa dizaine de matches de Bundesliga. Tout cela va trop vite. Un prêt non concluant à Nuremberg, et le retour en Suisse, à Young Boys, pour s’inscrire dans la lignée des Mbabu, Sow ou Benito.
«Un moment très spécial»
L’idée était bonne, les réalisations un peu moins. Avec Gerardo Seoane, Garcia n’est que rarement titulaire. Jordan Lefort obtient plus de considération que lui. «J’ai eu pas mal de blessures, et l’équipe tournait bien», accepte-t-il aujourd’hui. Pour tout dire, au mois de juin dernier, il était légitime de considérer que le train était passé pour le latéral gauche. Jamais, il n’avait semblé entrer dans la réflexion de Vladimir Petkovic à un poste pourtant questionnable. À 25 ans, il avait disparu des radars sans que personne ne s’en soucie véritablement. Bon pour la Super League, trop juste pour raccrocher le wagon du football international.
Et pourtant. «Après le match contre Bâle de dimanche, on m’a prévenu qu’il y avait la possibilité que je doive rejoindre la sélection, alors que j’étais sur la route pour passer trois jours de congé à Genève.» Rattrapé par la plus agréable des patrouilles, profitant du forfait de son furtif coéquipier avec les juniors servettiens Kevin Mbabu (ce dernier a un an de plus que le premier, mais ils ont parfois été alignés ensemble lorsque Garcia était surclassé).
Quatre ans après, voilà enfin Ulisses Garcia sous le maillot national. Avec cette première sélection en disputant la deuxième période mercredi: «C’était un moment très spécial, lors duquel j’ai ressenti beaucoup de fierté», sourit le joueur, qui ne feignait pas son bonheur. Heureux qui, comme Ulisses, a fait un bon voyage pour affronter la Grèce.
Il a surtout profité mieux que personne du changement d’entraîneur à YB. Avec David Wagner, il s’est imposé comme titulaire d’entrée. Il y a dix jours, après le match aller contre Ferencvaros en barrages de Ligue des champions, lors duquel Garcia avait marqué, le technicien allemand avait salué «la très bonne préparation» de l’ancien espoir grenat.
«C’est vrai qu’elle m’a permis de m’imposer, confirme le principal intéressé. Mais je n’ai pas modifié quelque chose en particulier. J’avais simplement des objectifs que je parviens à atteindre.» Au point d’avoir déjà inscrit deux buts lors des éliminatoires de la C1. «Monsieur Wagner demande aux latéraux de jouer de manière plus offensive, explique-t-il. C’est un peu différent qu’avec Gerardo Seoane. J’ai donc la possibilité de me retrouver plus souvent en zone avancée.» Et de se mettre en valeur. Murat Yakin ne l’a pas raté.