EspagneUn policier voulait distribuer des congés pour chaque migrant arrêté
L’instruction, émise mardi par un chef de la brigade de contrôle aux frontières, a été «annulée quelques heures plus tard». Une enquête a été ouverte.

L’instruction consistait à fixer le nombre de jours de repos compensatoire en fonction du nombre de personnes migrantes arrêtées.
AFP/DRLa police espagnole a ouvert mercredi une enquête interne contre un haut gradé de la ville d’Irun, frontalière avec la France, pour avoir fixé des jours de repos en fonction du nombre de migrants arrêtés, ont indiqué des sources policières à l’AFP.
«Deux jours» pour aucune arrestation, «trois jours» pour «une»
L’instruction, émise mardi par un chef de la brigade de contrôle aux frontières, a été «annulée quelques heures plus tard» et «une enquête a été ouverte» mercredi, a indiqué une source policière nationale.
L’instruction consistait à fixer le nombre de jours de repos compensatoire en fonction du nombre de personnes migrantes arrêtées en fin de semaine dans cette zone frontalière des Pyrénées Atlantiques où de nombreux clandestins tentent d’entrer en France. «Deux jours» pour aucune arrestation, «trois jours» pour «une», «quatre jours» pour «deux» et «cinq jours» pour dix arrestations, décrivent des documents publiés et dénoncés mardi par le syndicat de police Jupol sur Twitter.
L’enquête interne sera menée par la Direction générale de la police nationale, a indiqué une autre source policière. L’ONG Irungo Harrera Sarea, principal réseau de soutien aux migrants au Pays basque espagnol (nord), a exprimé dans un communiqué sa «préoccupation» face au fait de «récompenser des policiers pour chasser des migrants».
Portes d’entrée de l’immigration clandestine
La frontière franco-espagnole fait régulièrement l’objet de tentatives de traversée de migrants venus d’Afrique qui passent par l’Espagne, l’une des principales portes d’entrée de l’immigration clandestine en Europe. Depuis 2019, la France a renforcé ses contrôles à cette frontière et fermé certains points de passage.
Selon un rapport de plusieurs ONG publié début mai, au moins douze personnes ont péri à cette frontière entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022, dont une partie en tentant d’échapper aux contrôles de la police, a dénoncé la Coordination d’actions aux frontières intérieures (Cafi), qui comprend notamment Amnesty international et Médecins du monde. En 2022, selon les autorités françaises, cinq filières de trafic d’êtres humains ont été démantelées au Pays basque français et 144 passeurs ont été jugés.