IrakLa coalition anti-EI a fini sa «mission de combat»
Bagdad a annoncé jeudi, un changement très symbolique des tâches de la coalition internationale de 80 pays emmenée par Washington, une étape cruciale pour le gouvernement irakien.
![Le conseiller irakien à la Sécurité, Qasim al-Aaraji (au centre), lors d’une rencontre avec la coalition internationale à Bagdad, jeudi. Le conseiller irakien à la Sécurité, Qasim al-Aaraji (au centre), lors d’une rencontre avec la coalition internationale à Bagdad, jeudi.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/53d8fb18-022e-4253-998a-00eac88082ff.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C1280%2C852&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=60ebb068397402d4d7f7080fb0d0491c)
Le conseiller irakien à la Sécurité, Qasim al-Aaraji (au centre), lors d’une rencontre avec la coalition internationale à Bagdad, jeudi.
REUTERSL’Irak a annoncé jeudi la fin de la «mission de combat» sur son territoire de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington, qui conserve ses effectifs dans le pays pour un rôle de formation et de conseil. Si elle ne change rien sur le terrain, l’annonce est cruciale pour l’exécutif irakien, qui promeut ce changement de mission face aux menaces virulentes des puissantes factions pro-Iran: elles réclament le départ pur et simple de toutes les forces américaines en Irak.
Promesse de Biden
Ce changement de mission de la coalition internationale engagée contre le groupe État islamique (EI) avait été dévoilé pour la première fois en juillet à Washington par le président américain Joe Biden. Il avait promis la fin d’ici fin 2021 de toute «mission de combat» des troupes américaines, à l’occasion d’une visite du Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi. «Nous annonçons officiellement la fin de la mission de combat des forces de la coalition», a annoncé jeudi, sur Twitter, le conseiller à la sécurité nationale irakienne, Qassem al-Aaraji.
Formation et conseil
«La relation avec la coalition internationale se poursuit dans les domaines de la formation, du conseil et du renforcement des capacités» des forces irakiennes, a-t-il ajouté. Dans les faits, les quelque 2500 militaires américains et le millier de soldats de la coalition déployés en Irak vont y rester. Ces troupes jouent déjà un rôle de conseillers et de formateurs depuis l’été 2020. La coalition internationale emmenée par Washington, qui englobe plus de 80 pays, notamment la France, la Grande-Bretagne et plusieurs nations arabes, a vu le jour en 2014 pour soutenir les offensives en Irak et en Syrie contre l’EI.
L’Irak a proclamé sa victoire contre les jihadistes en décembre 2017. Mais l’EI mène toujours des attaques contre les forces de sécurité et ces dernières semaines plusieurs combattants kurdes ont été tués dans le nord de l’Irak. Le Hachd al-Chaabi, ex-coalition de paramilitaires irakiens désormais intégrés aux forces régulières, acteur politique influent et allié de Téhéran, est particulièrement virulent sur le départ des troupes américaines d’Irak.
Pas de départ américain
Mais pas question pour Washington d’abandonner le pays à l’influence iranienne, alors que les périodes de tensions et de détente entre les deux ennemis sont rythmées par les négociations sur l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien. Pour l’analyste Nicholas Heras, les États-Unis conservent «le même rôle militaire en Irak», mais ce qui change c’est «le message». «L’environnement politique et sécuritaire en Irak est si tendu que l’administration Biden souhaite que l’Amérique fasse profil bas et évite les crises, en particulier avec l’Iran», explique-t-il.
Attaques de factions pro-Iran
Ces derniers mois, des dizaines de tirs de roquettes ou des attaques aux drones piégés ont visé les troupes et les intérêts américains en Irak. Jamais revendiquées, ces attaques sont systématiquement imputées par les États-Unis aux factions irakiennes pro-Iran. Sur les réseaux sociaux, la nébuleuse des groupes proches des factions pro-Iran multiplie les menaces et rappelle à Washington la date butoir du 31 décembre, pour exiger un retrait total américain, dont il n’a jamais été question.
Menace de l’EI
La majorité des troupes américaines envoyées en 2014 en Irak dans le cadre de la coalition ont été retirées sous la présidence de Donald Trump. Mais l’Irak demeure un maillon important du dispositif stratégique de Washington et de la coalition, notamment pour les opérations antijihadistes menées en Syrie voisine.
L’EI «maintient une présence largement clandestine en Irak et en Syrie et mène une insurrection soutenue de part et d’autre de la frontière entre les deux pays», selon un rapport onusien publié début 2021. Dans ces deux pays, l’organisation jihadiste conserverait «en tout 10'000 combattants actifs», d’après ce rapport.