EspagneLe chef de la droite échoue à se faire investir Premier ministre
Comme prévu, le chef du Parti populaire espagnol, Alberto Núñez Feijóo, n’a pas recueilli, mercredi, la majorité absolue des députés. Vendredi, le deuxième vote devrait donner le même résultat.
Faute de soutiens suffisants, le chef de la droite espagnole, Alberto Núñez Feijóo, a vu, mercredi, le Parlement rejeter sa candidature au poste de Premier ministre. Cet échec attendu lance un compte à rebours de deux mois avant la convocation de nouvelles élections pour la mi-janvier. Deux mois durant lesquels le chef du gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sánchez, qui a prouvé, ces dernières années, sa capacité de survie politique, va pouvoir tenter à son tour d’obtenir la confiance du Parlement pour être reconduit au pouvoir.
Arrivé en tête des législatives du 23 juillet, qui n’ont pas permis de dégager de majorité claire, Alberto Núñez Feijóo a recueilli, mercredi, 172 voix, celles des députés de son Parti populaire (PP), de la formation d’extrême droite Vox et de deux petits partis. Or il devait obtenir le soutien de la majorité absolue de la Chambre des députés pour être investi, soit 176 voix sur 350.
Chargé, par le roi Felipe VI, de tenter de former un gouvernement, le chef du PP se soumettra à un deuxième vote vendredi, où une majorité simple lui suffirait. Mais, sauf improbable coup de théâtre, il ne sera non plus pas en mesure de l’emporter, 178 députés ayant voté contre sa candidature mercredi.
Feijóo «n’est pas crédible» et «achève la session d’investiture comme il l’a démarrée, en tant que chef de l’opposition», a raillé Patxi Lopez, président du groupe socialiste à la Chambre des députés.
Le rôle pivot de Carles Puigdemont
Conscient de son échec à venir, Alberto Núñez Feijóo a passé l’essentiel de la session d’investiture, qui s’est ouverte mardi, à attaquer Pedro Sánchez et les indépendantistes catalans, dont dépend l’éventuelle reconduction au pouvoir du socialiste.
Assurant défendre l’«intérêt général» et «l’égalité de tous les Espagnols», il a accusé son rival socialiste – qualifié de «lâche» par le PP pour ne pas avoir pris la parole dans l’hémicycle – de céder au «chantage de ceux qui ne croient pas en notre pays».
Faiseurs de rois dans un Parlement très fragmenté, Carles Puigdemont et les sept députés de sa formation Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya) réclament l’amnistie des séparatistes catalans poursuivis par la justice espagnole, en échange de leur appui à Pedro Sánchez, qui bénéficie déjà du soutien de l’extrême gauche et d’autres partis régionalistes.
Négociations périlleuses pour Pedro Sánchez
Au-delà de l’opposition farouche de la droite, qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes, dimanche, dans le centre de Madrid, cette éventuelle amnistie suscite le malaise de certains membres du Parti socialiste, formation qui rejetait catégoriquement une telle idée dans le passé.
Des négociations périlleuses se profilent donc pour Pedro Sánchez, qui va devoir trouver une formule contentant les indépendantistes sans déclencher de fronde au sein de son parti.
Le Premier ministre, qui a déjà gracié, en 2021, les indépendantistes condamnés à la prison pour les événements de 2017, n’a rien dit publiquement sur cette amnistie, mais a promis d’être «cohérent avec la politique de retour à la normale» en Catalogne, qu’il a appliquée depuis son arrivée au pouvoir en 2018.