FootballLa Juventus condamnée à 10 points de retrait en appel
La cour d'appel de la Fédération italienne a prononcé un retrait de 10 points en championnat au club turinois pour fraudes comptables. Dans la soirée, la Vieille Dame a été humiliée à Empoli (4-1).
Lundi matin, Massimiliano Allegri et ses joueurs pouvaient espérer clôturer la 36e journée de Serie A avec 72 points pour conforter leur 2e place et assurer la qualification en Ligue des champions. Ils ont fini la journée avec seulement 59 points, après l'annonce de leur nouvelle pénalité, puis leur déroute à Empoli (4-1).
En quelques heures, la Juventus Turin a dit quasiment adieu à la prochaine Ligue des champions (une compétition qu’elle a toujours disputée depuis 2012), après avoir écopé d'une nouvelle pénalité de 10 points – toutefois revue à la baisse par rapport aux 15 points initiaux - pour fraudes comptables. Cette nouvelle sanction, prononcée lundi par la cour d'appel de la Fédération italienne de football, a fait brutalement reculer la Juventus de la 2e à la 7e place au classement de Serie A, à cinq points de la dernière place qualificative pour la Ligue des champions occupée par l'AC Milan (4e).
Un retard que les Bianconeri ne sont pas parvenus à réduire lundi soir, giflés à Empoli. Cette déroute permet à la Lazio Rome, revenue à la 2e place, d'assurer sa place en C1 la saison prochaine. Pour les deux autres billets qualificatifs, la lutte va se poursuivre entre l'Inter (3e, 66 points), l'AC Milan (4e, 64 points), l'Atalanta Bergame (5e, 61 points), la Roma (6e, 60 points) et la Juve (7e, 59 pts), toujours mathématiquement en lice mais avec des espoirs quasiment réduits à néant.
Recours encore possible
La cour a été un peu plus clémente que la demande du procureur fédéral, qui avait requis lundi matin 11 points de retrait lors de l'audience chargée de réexaminer cette pénalité. Cette même cour d'appel fédérale avait infligé en janvier un retrait de 15 points à la Juve en raison de plus-values jugées artificielles lors de certaines ventes de joueurs. Mais elle a été appelée à réévaluer sa sanction en avril par le Collège de garantie du Comité olympique italien (Coni), saisi par le club turinois.
Ce collège, plus haut degré de la justice sportive en Italie, avait confirmé une «altération volontaire et répétée des écritures comptables» de la part de la Juve. Mais il avait suspendu la sanction en demandant que soient clarifiées les responsabilités individuelles de certains dirigeants turinois, dont l'ancien vice-président Pavel Nedved. Ce dernier a d'ailleurs été finalement acquitté lundi.
La suspension des autres principaux dirigeants et ex-dirigeants avait été confirmée en avril: deux ans et demi de suspension pour l'ex-directeur sportif Fabio Paratici, aujourd'hui à Tottenham; deux ans pour l'ex-président Andrea Agnelli ou seize mois à l'actuel directeur sportif, Federico Cherubini.
La Juve a souligné en soirée «prendre acte» avec «amertume» de cette nouvelle sanction et annoncé qu'elle «évaluerait un éventuel (nouveau) recours devant le Collège de garantie» après lecture des motivations du jugement. Un tel recours pourrait prolonger ce feuilleton extra-sportif au-delà de la saison, qui se termine le 4 juin.
D'autant que la Juve risque une autre sanction - un retrait de points ou une amende - dans un autre procédure distincte, concernant une irrégularité comptable présumée différente: avoir différé le paiement des salaires de ses joueurs pendant la pandémie de Covid-19 pour réduire ses pertes, sans en référer aux instances sportives.
Sous sureveillance de l’UEFA
La Juve est accusé d'avoir annoncé le non-paiement de quatre mois de salaires, au printemps 2020, mais d'avoir en fait convenu avec ses joueurs, via des accords privés, d'en payer trois sur l'exercice comptable ultérieur. Elle aurait répété ces «manœuvres salariales» lors de la saison suivante.
Les procédures de la justice sportive s'appuient en grande partie sur l'enquête judiciaire lancée il y a deux ans par le parquet de Turin. Ce dernier a requis en décembre le renvoi en procès du club et de douze dirigeants et ex-dirigeants, dont l'ex-président Andrea Agnelli, pour différentes malversations financières présumées. Une décision sur un éventuel procès n'est toutefois pas attendue avant l'automne.
John Elkann, président d'Exor, la holding de la famille Agnelli contrôlant ce club coté en bourse, avait répété en avril que «la Juventus ni(ait) tout acte répréhensible» dans ces affaires.
Cerné par les procédures, Andrea Agnelli a démissionné fin novembre de son poste de président, après douze ans de succès à la tête de la Juve, comme l'ensemble du conseil d'administration.
Outre ces procédures en Italie, la Juve est aussi visée par une enquête de l'UEFA sur de possibles «violations financières présumées». Le club est sous étroite surveillance de l'instance européenne, avec qui elle a conclu l'été dernier un plan de redressement sur trois ans pour respecter le fair-play financier.