diplomatieTéhéran et Bagdad signent un accord de protection des frontières
L’accord vise à protéger la frontière entre l’Iran et l’Irak de groupes d’opposition kurdes au gouvernement iranien.
Le haut responsable de la sécurité iranienne Ali Shamkhani a signé dimanche à Bagdad un accord destiné à «protéger la frontière» entre l’Iran et l’Irak, où sont basés des groupes d’opposition kurdes iraniens visés par Téhéran, a annoncé le bureau du Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani.
Cet accord «comprend la coordination dans la protection des frontières communes et la consolidation de la coopération dans plusieurs domaines de sécurité», ont précisé les services irakiens.
Cette visite intervient à la veille du vingtième anniversaire de l’invasion de l’Irak emmenée par les Etats-Unis. Aujourd’hui, les liens entre Bagdad et Téhéran sont plus étroits que jamais et le gouvernement de M. Soudani est soutenu par une coalition parlementaire pro-Iran.
Certaines capitales occidentales mettent toutefois en garde contre une influence trop grande en Irak du voisin iranien, qui considère les Etats-Unis comme son plus grand ennemi depuis la Révolution islamique de 1979. Selon des propos rapportés par l’agence officielle iranienne Irna, Ali Shamkhani s’en est pris dimanche aux «activités anti-sécuritaires et vicieuses des éléments contre-révolutionnaires et terroristes dans la région [du Kurdistan irakien] et du nord de l’Irak».
Lutte contre «des actions vicieuses»
Il a affirmé que l’accord signé dimanche «peut mettre fin complètement et fondamentalement aux actions vicieuses de ces groupes». Ces factions de l’opposition kurde iranienne réfugiées dans le nord de l’Irak avaient été bombardées par l’Iran à la fin 2022, Téhéran les accusant de s’infiltrer sur son territoire pour y perpétrer des attaques et encourager les manifestations. Le gouvernement irakien s’était alors engagé à redéployer ses gardes frontières pour limiter les tensions.
A l’époque, l’Iran était secoué par un mouvement de protestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, 22 ans, une jeune Kurde arrêtée par la police des mœurs pour violation présumée du code vestimentaire pour les femmes. L’Irak a aussi été l’un des médiateurs dans les discussions entre l’Iran et l’Arabie saoudite qui avaient rompu leurs relations diplomatiques en 2016, avant d’annoncer leur rétablissement le 10 mars. Un rapprochement dont Ali Shamkhani a été l’artisan côté iranien.
Lors de sa visite à Bagdad, il était accompagné du gouverneur de la Banque centrale et du vice-ministre chargé des Affaires économiques, selon Irna. Les échanges commerciaux sont vitaux pour les deux partenaires, notamment au chapitre énergétique. L’Irak est très dépendant du gaz et de l’électricité de son voisin.