FranceCamion charnier: un procès pour 19 suspects
Dix-neuf hommes seront jugés en France pour le drame de l’immigration qui avait coûté la vie à 39 migrants vietnamiens, en octobre 2019, en Grande-Bretagne.
Deux juges d’instruction ont ordonné, mardi, un procès en correctionnelle pour 19 hommes mis en examen dans l’enquête en France sur la mort de 39 migrants vietnamiens, retrouvés asphyxiés dans une remorque de camion en Angleterre en 2019, a appris l’AFP, mercredi, de source proche du dossier confirmant «Le Parisien». Ces 19 hommes, aujourd’hui âgés de 21 à 58 ans et pour six d’entre eux en détention provisoire, sont suspectés d’avoir participé à un vaste réseau d’immigration clandestine du Vietnam vers l’Europe.
À l’issue d’investigations transnationales, sous la direction de la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (JUNALCO), les enquêteurs ont conclu que les 19 hommes – de nationalité vietnamienne, française, chinoise, algérienne ou marocaine – étaient chargés de l’organisation du transport des victimes, chauffeurs de taxi ou encore propriétaires d’appartements servant à l’hébergement temporaire des personnes migrantes en région parisienne.
En bande organisée
D’après des interceptions téléphoniques, ces hommes désignaient les personnes migrantes par les termes de «marchandises» ou de «poulets». Ils seront tous jugés pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France, commis en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs en vue de la commission de délits, punis de dix ans d’emprisonnement.
Quatre d’entre eux seront en outre jugés pour homicides involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité. En revanche, un non-lieu a été prononcé concernant les poursuites pour traite d’êtres humains en bande organisée, infraction criminelle faisant encourir 20 ans.
Les risques de l’exil
Ce drame, à l’automne 2019, avait jeté une lumière crue sur les risques de l’exil via des filières clandestines. Le matin du 22 octobre, les victimes étaient montées dans une remorque, dans le nord de la France. Cette dernière avait ensuite été transportée jusqu’au port belge de Zeebruges, pour traverser la Manche, puis avait été prise en charge en Angleterre par un autre transporteur.
Les corps de trente et un hommes et huit femmes, âgés de 15 à 44 ans et tous originaires du Vietnam, avaient ensuite été découverts dans la remorque, dans une zone industrielle à l’est de Londres. Après cette tragédie, l’AFP avait échangé avec des familles originaires d’Ha Tinh, une région pauvre du Vietnam d’où partent nombre de migrants.
Le frère d’une victime avait raconté que sa sœur, Pham T., 26 ans, avait envoyé un message sur le téléphone de sa mère expliquant qu’elle ne pouvait «plus respirer», qu’elle était «en train de mourir». Outre la France, des procédures judiciaires ont été menées au Royaume-Uni, au Vietnam et en Belgique.