BiodiversitéLâcher de papillons illégal en Grande-Bretagne
Des éleveurs de papillons veulent lutter contrer le déclin de la biodiversité dans le pays en relâchant des espèces disparues ou en voie de disparition. Une pratique dangereuse pour les écosystèmes.
- par
- Clotilde Loup
Cela fait polémique depuis quelque temps en Angleterre: des papillons éteints ou disparus depuis 100 ans sont réapparus. On pourrait croire à un miracle de la nature, mais non, ce sont des éleveurs de papillons qui organisent ces lâchers illégaux et cela inquiète les autorités compétentes, précise le HuffPost.
Leurs actions sont discrètes et cherchent à réagir face au déclin immense de la biodiversité en Grande-Bretagne. Ces éleveurs espèrent qu’avec cela, ils éviteront l’installation de papillons aimant la chaleur et qui pourraient élire domicile en Angleterre, loin de leur territoire habituel.
Sur douze sites naturels, les éleveurs de papillons ont relâché des espèces indigènes (des papillons de marais et des papillons de Glanville, espèce aux ailes orangées menacés d’extinction) et des espèces non indigènes, comme le papillon marbré, qui se retrouve hors de sa zone de répartition naturelle.
Réintroductions très encadrées
Le papillon de Glanville, des marais et le duc de Bourgogne avaient disparu d’Angleterre et ont réapparu en masse depuis cinq ans. C’est dans la réserve naturelle de Hutchinson’s Bank que la réapparition inattendue de ces espèces est la plus impressionnante.
Une autre espèce disparue depuis 100 ans a battu des ailes à nouveau: les Gazés, des papillons blancs à nervures noires.
On pourrait se réjouir de revoir voler ces papillons, mais les autorités sont claires. La réintroduction des espèces menacées ou disparues doit être très encadrée. Il faut obtenir une autorisation de l’organisme en charge de cela, Natural England. «Il est illégal de relâcher une espèce éteinte en Grande-Bretagne sur un site d’intérêt scientifique spécial (SSSI) sans contrôle des maladies», a indiqué au Guardian Dan Hoare, directeur de la conservation de Butterfly Conservation, à propos du retour des Gazés.
L’introduction d’espèce non-indigènes peut être nuisible et apporter des maladies qui vont nuire aux spécimens indigènes. Mais une réintroduction brutale d’espèces menacées ou disparues peut, elle, déséquilibrer l’écosystème dans lequel elles se trouvent et tuer celles qui y vivent, par compétition ou maladie.
Protection de la biodiversité
Les éleveurs qui agissent sans l’accord du «Butterfly Conservation», déclarent qu’ils ne peuvent pas attendre: ils doivent agir. Les scientifiques le constatent et l’attestent, 80% des papillons ont disparu d’Angleterre en 50 ans, la principale cause de leur extinction est la destruction de leurs habitats naturels.
En Suisse, on se bat aussi pour la biodiversité du pays et la protection des insectes et autres bêtes, comme avec le refus du Conseil des États pour le contre-projet concernant ce sujet.