ÉcosseLe gouvernement s’excuse pour les femmes tuées pour sorcellerie
À l’occasion de la Journée des droits des femmes, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon a reconnu une «injustice historique flagrante». Les «sorcières» pourraient bientôt être graciées.
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Les représentantes de l’association Witches of Scotland (Sorcières d’Écosse), Claire Mitchell et Zoe Venditozzi, réclament la justice pour les femmes exécutées pour sorcellerie aux XVIe et XVIIe siècles.
AFPLa première ministre écossaise Nicola Sturgeon a présenté, mardi à Édimbourg, les excuses officielles du gouvernement pour les milliers de femmes condamnées pour sorcellerie aux XVIe et XVIIe siècles et tuées «simplement parce qu’elles étaient des femmes». Pendant cette période, en Écosse, environ 4000 personnes ont été accusées de sorcellerie, dont 84% étaient des femmes. Au total, plus de 2500 ont été exécutées pour sorcellerie, la plupart du temps étranglées puis brûlées, après des aveux extorqués sous la torture.
Mardi, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Nicola Sturgeon a déclaré au Parlement écossais «reconnaître cette injustice historique flagrante» et «présenter des excuses posthumes officielles à toutes les personnes accusées, condamnées, calomniées ou exécutées en vertu de la loi de 1563 sur la sorcellerie». Cette loi prévoyait la peine capitale pour les coupables de sorcellerie et fut en vigueur jusqu’en 1736.
«À une époque où les femmes n’étaient même pas autorisées à témoigner devant un tribunal, elles étaient accusées et tuées parce qu’elles étaient pauvres, différentes, vulnérables ou, dans de nombreux cas, simplement parce qu’elles étaient des femmes», a déclaré Nicola Sturgeon, cheffe de file du parti indépendantiste SNP.
La grâce et un monument
Une association, Witches of Scotland, fait campagne depuis deux ans pour obtenir ces excuses officielles, ainsi que la grâce de toutes les personnes condamnées pour sorcellerie et un monument national pour se souvenir de ces drames méconnus. Nicola Sturgeon a déclaré que le Parlement écossais pourrait adopter un texte de loi permettant la grâce réclamée.
Justifiant sa décision de présenter des excuses, la première ministre écossaise a fait valoir qu’il était «important» de reconnaître les injustices passées. Elle a aussi souligné qu’«il y a des régions du monde où, aujourd’hui encore, des femmes et des filles risquent des persécutions et parfois la mort parce qu’elles ont été accusées de sorcellerie».
Nicola Sturgeon a conclu que «si, en Écosse, la loi sur la sorcellerie a peut-être été reléguée au passé il y a longtemps, la profonde misogynie qui l’a motivée ne l’a pas été» et «nous vivons toujours avec cela».