FootballLa Suisse se joint à une vague massive d’opposition à la Super Ligue
La légitimité juridique du projet de Super Ligue, décrétée ce jeudi par la Cour de justice de l’Union européenne, a provoqué un vif rejet. Dont celui de la Swiss Football League.
- par
- Brice Cheneval
La Super Ligue se retrouve à nouveau sur le devant de la scène. Deux ans et demi après un premier faux-départ (la version originale avait suscité un rejet massif du public, poussant les 12 clubs européens majeurs qui la portait à se rétracter), le projet vient de connaître une avancée majeure.
Ce jeudi, la Cour de justice européenne (CJUE) a acté sa légitimité juridique. «Les règles de la FIFA et de l’UEFA sur l’autorisation préalable des compétitions de football interclubs, telle que la Super Ligue, violent le droit de l’Union», a indiqué dans un communiqué l’instance établie à Luxembourg, précisant: «Les règles de la Fédération internationale de football association (FIFA) et de l’Union des associations européennes de football (UEFA) soumettant à leur autorisation préalable la création de tout projet de nouvelle compétition de football interclubs, telle que la Super League, et interdisant aux clubs et aux joueurs de participer à celle-ci, sous peine de sanctions, sont illégales.»
Le Real Madrid et le Barça persistent
Autrement dit, la CJUE ouvre la voie à la création d’une compétition dissidente. Une décision rapidement applaudie par le Real Madrid et le FC Barcelone, porteurs historiques de la Super Ligue. «Le football européen des clubs ne sera plus un monopole», s’est enorgueilli le président madrilène, Florentino Pérez. Les deux mastodontes espagnols ont réaffirmé leur intention de continuer à défendre le projet, largement décrié.
La décision de la CJUE a d’ailleurs provoqué une grande vague d’opposition sur le Vieux continent. À commencer par l’UEFA, via son président Aleksander Ceferin. «J’espère qu'ils vont commencer leur fantastique compétition avec deux clubs», a ironiquement réagi le Slovène, ajoutant: «Nous n’allons pas essayer de les stopper, ils peuvent créer ce qu'ils veulent».
Sa position fait écho à celle de multiples associations nationales, dont la Suisse. À travers un communiqué, la Swiss Football League a affiché son soutien au «modèle sportif européen (ndlr: actuel) et rejette les compétitions en dehors de la pyramide du football». «Le développement du football professionnel de clubs dépend d’un équilibre complémentaire entre les ligues nationales et les compétitions européennes de clubs, poursuit la SFL. Nous sommes prêts à travailler avec tous les acteurs pour renforcer le football professionnel européen - mais pas au profit de certains et en maintenant systématiquement la solidarité financière pour l’ensemble du football européen.» Claudius Schäffer, CEO de la SFL, s’est lui fendu d’une phrase sans équivoque: «Le football n’est pas à vendre».
Les principales ligues européennes (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie, France) ont également manifesté leur rejet de la Super Ligue, ainsi que plusieurs clubs d’envergure tels que le Bayern Munich, le PSG, l’Atlético Madrid, Manchester United, l’Inter Milan, l’AS Rome, le Benfica ou encore l’Olympique de Marseille.
Quant au président de la FIFA, Gianni Infantino, il a relativisé la portée d’une décision qui, à son appréciation, «ne change rien». «Historiquement, nous avons toujours organisé les meilleures compétitions au monde et ce sera également le cas à l'avenir», écrit le patron du football mondial.
Qu’elle aboutisse prochainement ou qu’elle soit encore retoquée, la Super Ligue n’a pas fini de faire parler d’elle.