Bande de GazaIsraël se prépare à l’offensive, les évacuations se poursuivent
Dans l’attente d’une «décision politique», l’armée israélienne se prépare à une «prochaine étape» de son opération de représailles contre le Hamas.
Plus d’un million de personnes ont fui dans la panique le nord de la bande de Gaza, aux abords de laquelle Israël poursuit la mobilisation de ses troupes en vue d’une offensive terrestre imminente contre le Hamas palestinien.
La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien. Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils, selon un dernier bilan israélien. Les représailles israéliennes ont tué au moins 2670 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.
Dimanche, au neuvième jour du conflit, l’armée de l’air israélienne a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que les combattants du Hamas ont continué de tirer des roquettes en direction d’Israël. Face aux frappes aériennes et après les appels de l’armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d’un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d’habitants, selon l’ONU.
L’armée israélienne a confirmé qu’elle se préparait à une «prochaine étape» de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël, se disant dans l’attente d’une «décision politique». Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région. Au Caire, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a assuré que les alliés arabes des États-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit.
«Grave erreur»
«Personne ne doit jeter de l’huile sur le feu ailleurs», a-t-il dit, ajoutant que les différentes capitales arabes visitées, dont Ryad, utilisaient «leurs propres canaux pour s’assurer que cela n’arrive pas». Un appel au calme réitéré par Joe Biden, qui a averti aussi qu’une nouvelle occupation par Israël de la bande de Gaza serait une «grave erreur» lors d’une interview sur CBS. Israël a occupé Gaza de la guerre des Six Jours en 1967 à 2005.
Les États-Unis ont également enjoint à l’Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, de ne pas étendre le conflit. L’Iran a prévenu que «nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d’un élargissement du conflit» si Israël envahit Gaza. La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l’armée israélienne.
Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d’Israël, par un tir de missile du Hezbollah. L’armée israélienne a riposté en frappant des infrastructures militaires du mouvement chiite libanais. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d’une guerre à sa frontière avec le Liban, mais «si le Hezbollah choisit la voie de la guerre, il en paiera un très lourd tribut».
«Catastrophe humanitaire»
Outre les milliers de morts israéliens, quelque 155 personnes ont été enlevées par le Hamas, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d’incursions à Gaza «des cadavres» d’otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens. Dans l’attente d’une opération terrestre à Gaza où il a juré d’en finir avec le Hamas, Israël n’a cessé depuis vendredi d’exhorter les Gazaouis à fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud.
L’armée affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation «terroriste» par les États-Unis et l’Union européenne. Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d’un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l’attaque du 7 octobre.
À Gaza, une «catastrophe humanitaire inédite» est en cours, a affirmé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). «Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours», a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l’Unrwa. Seule lueur d’espoir, l’eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien où s’entassent des dizaines de milliers de personnes. Toutefois, la situation y reste très difficile pour ces milliers de réfugiés.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a assimilé le «déplacement» en cours à l’exode de quelque 760’000 Palestiniens à la création en 1948 de l’État d’Israël, l’Égypte et la Jordanie s’opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres. Dans le sud de la bande de Gaza, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israéliennes se poursuivent, selon des habitants.