Football – A Yverdon Sport, une anomalie nommée Beyer

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FootballÀ Yverdon Sport, une anomalie nommée Beyer

Brian Beyer a 25 ans, n’est pas formé en Suisse et jouait jusqu’à cet hiver en Promotion League. Le genre de profil qui ne tape pas directement dans l’œil. Il risque pourtant bien de faire le bonheur d’YS.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Brian Beyer impressionnant pour sa première titularisation avec Yverdon Sport.

Brian Beyer impressionnant pour sa première titularisation avec Yverdon Sport.

Pascal Muller/freshfocus

Nikki Havenaar a mis le coude. Bien comme il faut. Le géant du FC Thoune disposait pourtant de cinq bons mètres d’avance au départ du sprint. Il a vu une fusée blanche décoller à sa suite, s’est sans doute souvenu des tourments qu’elle causait à ses coéquipiers depuis 45 minutes et n’a eu d’autre choix que de jouer sur la roublardise pour s’en sortir. Si Brian Beyer passait, il partait seul au but, inscrivait peut-être le 3-1, enfonçait les Bernois juste avant la pause. Alors le grand défenseur central a joué de son corps, à l’extrême limite. Son obstruction, la dernière chose qu’il lui restait, aurait pu lui valoir une lourde sanction. M. Drmic a préféré fermer les yeux. Yverdon a hurlé sa colère en vain. Mais déjà, il n’y en avait que pour Brian Beyer.

Le Français a été bon vendredi, très bon même, pour ce qui marquait sa première titularisation en Challenge League (2-2 face à Thoune). Ce qui devait faire naître un étonnement de circonstance. Le buteur ne possède pas vraiment le profil idéal pour plaire aux recruteurs de Ligue nationale. Déjà parce que ceux-ci partent rarement faire leurs emplettes en Promotion League. Encore moins pour un joueur de 25 ans. Encore un peu moins pour quelqu’un qui ne possède pas la précieuse certification HTP, réservée à ceux qui ont suivi au moins trois ans de leur formation en Suisse entre 15 et 21 ans.

Marco Degennaro, un œil à chaque extrémité du pays

Sa chance, c’est qu’YS s’appuie depuis l’été dernier sur un directeur général fréquemment en balade au Tessin. Quand le FC Bienne de Brian Beyer a dû se rendre à Bellinzone en août? Marco Degennaro était sur place. Lorsqu’il a dû retraverser la Suisse deux semaines plus tard pour un match à Chiasso? Marco Degennaro n’en a pas manqué une miette.

«À chaque fois, il est sorti du lot. Le plan initial était de le faire venir à Yverdon à la fin de la saison. On savait qu’on allait perdre Shkelqim Vladi, que Young Boys nous prêtait. Vu que les deux possèdent des caractéristiques similaires, la transition était toute trouvée», révèle le directeur général. Sauf que Vladi est parti cet hiver déjà, pour Aarau. «Il fallait accélérer le processus. Le FC Bienne s’est montré hyper coopératif et Brian a pu arriver en tout début d’année.» D’abord dans l’ombre d’Anthony Sauthier, l’autre recrue de l’hiver. À présent dans la lumière.

Brian Beyer face à Lamine Kone lorsque Yverdon Sport a battu le Lausanne-Sport en Coupe de Suisse.

Brian Beyer face à Lamine Kone lorsque Yverdon Sport a battu le Lausanne-Sport en Coupe de Suisse.

Pascal Muller/freshfocus

Les quelques soucis offensifs rencontrés par les Yverdonnois depuis la reprise et la volonté de coach Uli Forte de s’appuyer sur l’ensemble de son effectif lui ont rapidement ouvert la deuxième porte. Cinq apparitions d’une poignée de minutes à chaque fois, puis le saut dans le grand bain vendredi, donc. Où le charme a opéré d’entrée et la soirée s’est conclue sous les «Brian Beyer» scandés par le kop nord-vaudois.

«J’ai parfois l’impression de jouer un autre football que les joueurs à côté ou en face de moi.»

Brian Beyer, attaquant d’Yverdon Sport.

Le Français a quelque chose de différent. C’est souvent le propre des footballeurs qui débarquent «d’en bas». Ses courses à lui manquent peut-être parfois de justesse, ses choix interpellent, ses gestes détonnent. La surprise peut s’avérer à double tranchant. Vendredi, il n’y a que Thoune qui ne savait pas trop comment vivre avec. «J’ai parfois l’impression de jouer un autre football que les joueurs à côté ou en face de moi, oui. Ça me va. Je sais que la tendance quand on reçoit sa chance dans un club plus haut, c’est de ne pas trop faire de vagues. Mais ça, ce n’est pas moi.» Précision importante.

Alors Brian Beyer a couru partout, tenté encore et encore, même un retourné acrobatique «qui serait mieux parti si je n’avais pas eu peur de faire mal à l’adversaire venu en opposition», il a marqué (le 2-0) et aurait pu faire marquer plusieurs fois. Une anomalie peut-être. Un atout pour sûr.

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