Après le mémorialLe National veut interdire les symboles nazis
Cette fois, la proposition est passée. La Chambre du peuple a décidé de légiférer, contre l’avis du Conseil fédéral.
- par
- Eric Felley
Après avoir accepté la réalisation d’un mémorial pour les victimes suisses du nazisme, le Conseil national a voulu se montrer cohérent mardi. Il a accepté une motion de Marianne Binder (C/AG) en ce sens: «À mon avis, a-t-elle défendu, il va de soi qu’aucun drapeau nazi ne doit être arboré et qu’aucun salut hitlérien n’est autorisé. La glorification du IIIe Reich avec ses crimes incommensurables ne devrait pas avoir sa place en Suisse.»
Depuis une dizaine d’années au Parlement, plusieurs tentatives en ce sens ont échoué. Mais aujourd’hui, elle a cité les rapports de la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme et de la Fédération suisse des communautés israélites, qui constatent une «augmentation alarmante» du nombre d’incidents antisémites et la propagation du sentiment antisémite: «Une interdiction est un signe clair contre l’effacement progressif de la mémoire des victimes et des auteurs, une déclaration claire: plus jamais ça!»
Quels symboles?
La conseillère fédérale Élisabeth Baume-Schneider a repris ce dossier des mains de Karin Keller-Sutter. Elle a rappelé que le Conseil fédéral était contre, car il préférait miser sur la prévention. Un rapport de l’Office fédéral de la justice, publié le 15 décembre dernier, stipulait que l’utilisation publique de symboles nazis, racistes, extrémistes ou faisant l’apologie de la violence était déjà punissable aujourd’hui. La difficulté est de formuler une norme «assez précise pour établir quels symboles sont concrètement interdits», tout en gardant une certaine souplesse «pour que les autorités puissent tenir compte de l’actualité et du contexte de chaque situation».
Au vote, la proposition de Marianne Binder a été largement suivie par 141 voix à 42. Les oppositions sont venues de l’UDC et de quelques élus du PLR. La proposition passe au Conseil des États.