Colombie: Accord de cessez-le-feu avec les principaux groupes armés

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ColombieAccord de cessez-le-feu avec les principaux groupes armés

Le gouvernement colombien a conclu un cessez-le-feu de six mois avec les cinq principaux groupes armés opérant dans le pays.

Le président colombien Gustavo Petro prononce un discours à l’école militaire Jose Maria Cordova à Bogotá, le 17 décembre 2022.

Le président colombien Gustavo Petro prononce un discours à l’école militaire Jose Maria Cordova à Bogotá, le 17 décembre 2022.

AFP

Le gouvernement colombien a conclu un cessez-le-feu de six mois avec les cinq principaux groupes armés et gangs de narco-trafiquants opérant dans le pays, a annoncé le président Gustavo Petro, ancien guérillero lui-même, à la veille du Nouvel-An.

La trêve conclue bilatéralement était le principal objectif du gouvernement dans le cadre de son initiative de «paix totale» avec ces divers groupes pour mettre fin au conflit qui persiste malgré l’accord de paix de 2016 entre le gouvernement et la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), devenues un parti politique.

«Nous avons convenu un cessez-le-feu bilatéral avec l’ELN, la Segunda Marquetalia, l’état-major central, les AGC (milices d’Autodéfense gaïtanistes de Colombie) et les forces d’autodéfense de la Sierra Nevada, du 1er janvier au 30 juin 2023, dont la prolongation dépendra des progrès réalisés dans les négociations,» a tweeté samedi le chef de l’État.

Les organisations armées et l’État devront respecter cette trêve et «il y aura un mécanisme de vérification national et international», a ajouté le président en qualifiant l’accord d’«audacieux».

«Nouvel espoir»

Le premier gouvernement de gauche de Colombie, entré en fonctions le 7 août, a repris en novembre les pourparlers de paix suspendus par l’ancien gouvernement d’Iván Duque (2018-2022) pour tenter de mettre fin au dernier conflit armé interne du continent par le biais de négociations.

Des négociations ont lieu actuellement avec l’ELN (Armée de libération nationale), dernière guérilla reconnue encore active en Colombie. L’ELN, qui dispose de quelque 2500 combattants et d’un vaste réseau de collaborateurs selon des estimations indépendantes, a été fondée en 1964 par des syndicalistes et des étudiants sympathisants d’Ernesto «Che» Guevara et de la révolution cubaine.

Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, a salué cette évolution qui «apporte un nouvel espoir de paix complète au peuple colombien à l’aube de la nouvelle année», a rapporté son porte-parole, Stéphane Dujarric.

«Dialogues exploratoires»

Parallèlement, des «dialogues exploratoires» séparés se déroulent entre des délégués de Gustavo Petro et les groupes Segunda Marquetalia et État-major central, dissidents des FARC.

Les AGC sont le bras armé du principal gang de la drogue colombien, le Clan del Golfo (Clan du Golfe), auparavant dirigées par le baron de la drogue Dairo Antonio Usuga, alias Otoniel, aujourd’hui détenu aux États-Unis après son extradition.

À l’instar des forces d’autodéfense de la Sierra Nevada, elles sont constituées de paramilitaires d’extrême droite démobilisés entre 2003 et 2006 sous la présidence d’Alvaro Uribe (2002-2010).

La Colombie, principal producteur mondial de cocaïne, est minée depuis quelque soixante ans par une complexe guerre interne, qui a fait plus de neuf millions de victimes (morts, disparus et déplacés), entre guérillas de gauche, paramilitaires de droite, trafiquants de drogue et forces de sécurité de l’État.

Début décembre, le gouvernement avait estimé qu’une dizaine de groupes armés étaient «en situation de cessez-le-feu bilatéral», alors qu’ils seraient près de 90 groupes politiques et/ou criminels à opérer aujourd’hui en Colombie, comptant au total environ 10’000 membres, selon l’ONG Indepaz (Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz).

L’ELN avait annoncé le 19 décembre un «cessez-le-feu unilatéral» pendant la période des fêtes de fin d’année, jusqu’au 2 janvier. Après cette annonce, le gouvernement avait appelé les autres groupes armés à rejoindre la trêve. Le Congrès avait avalisé en novembre la politique de «paix totale» du président.

Le gouvernement propose «un traitement indulgent du point de vue judiciaire» aux membres de groupes armés en échange de leur démantèlement, a récemment expliqué à l’AFP Iván Cepeda, sénateur pro-gouvernemental et négociateur avec les rebelles.

Le parti d’opposition de l’ex-président de droite Uribe, le Centre démocratique, a qualifié la proposition de «paix totale» d’«apologie de la criminalité et de l’impunité».

Malgré les discussions en cours, le gouvernement n’a pas réussi à enrayer la spirale de violences dans le pays. En 2022, Indepaz a comptabilisé près d’une centaine de massacres.

(AFP)

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