EPFLUne étude révèle comment est brassé le Léman
Observés durant un an, les mouvements du lac révèlent de grandes disparités suivant les saisons.
- par
- Michel Pralong
Vous avez sans doute déjà vu cette plateforme sur le Léman. Inaugurée en février 2019, LéXPLORE est un centre de recherches de 100 m² qui récolte des données sur le lac grâce à une centaine d’appareils de mesure. Cela a permis ainsi d’effectuer la première étude du brassage des eaux du Léman sur une année complète, d’avril 2019 à avril 2020.
L’influence du changement de température et des vents sur le brassage des grands lacs restait encore en grande partie un mystère pour les scientifiques en raison de limitations techniques. Pourtant, ce brassage est essentiel pour l’oxygénation et l’alimentation de la faune et de la flore. Cette nouvelle étude, publiée dans «Communications Earth & Environment» base son analyse sur un cycle annuel et en enregistrant les mouvements turbulents et de brassage à l’échelle du centimètre, de l’intérieur du lac jusque dans ses profondeurs.
Trois fois plus important en hiver
«C’est la première fois que l’on peut vraiment comparer le comportement du lac d’une saison à l’autre en mesurant et en analysant ses mouvements à grande et petite échelle sur une année complète», précise Bieito Fernández Castro, ancien postdoctorant au sein du Laboratoire de physique des systèmes aquatiques (APHYS) de l’EPFL et premier auteur de l’étude.
Les résultats montrent que le brassage des couches intérieures et profondes du lac est trois fois plus important durant l’hiver que l’été. C’est dû notamment à la force des vents, qui est plus soutenue durant la saison froide. Au printemps et en automne, le brassage est comparable et d’une puissance intermédiaire. Et c’est en été qu’il est le plus faible dans les couches les plus profondes, en raison des vents légers et du réchauffement solaire qui empêchent les couches du lac de se mélanger, car elles sont alors de densité différente.
Le réchauffement va modifier le brassage
Selon le communiqué de l’EPFL, cette recherche représente un grand pas dans la surveillance de la santé d’un lac de grande taille tel que le Léman, qui fournit des services écologiques et assure une partie de l’eau potable de sa population environnante. «Elle montre l’importance de monitorer en continu de tels lacs, afin de détecter tout nouveau comportement suspect lié aux changements globaux», précise Bieito Fernández Castro. «Elle montre aussi que l’analyse annuelle de la température du lac ne suffit pas, car l’influence de l’énergie éolienne est cruciale pour garantir son brassage. Pour mieux comprendre les effets du changement climatique, il faut donc monitorer les mouvements du lac à grande et petite échelle, comme nous l’avons fait ici.»
Le chercheur indique encore que cette étude prouve que le changement climatique modifiera durablement le brassage du lac, sans qu’on en comprenne exactement la portée à ce stade.