Vaud: accusé d’abus sur mineures, le prédateur écope de 5 ans ferme

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VaudAccusé d’abus sur mineures, le prédateur écope de 5 ans ferme

Le Vaudois de 48 ans est condamné à 5 ans de prison pour avoir profité de jeunes filles en rupture et en détresse.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
La Cour correctionnelle d’arrondissement de Lausanne a rendu son verdict ce lundi 4 avril à l’encontre de l’homme aux lourds antécédents judiciaires.

La Cour correctionnelle d’arrondissement de Lausanne a rendu son verdict ce lundi 4 avril à l’encontre de l’homme aux lourds antécédents judiciaires.

lematin.ch/François Melillo

Le récidiviste de 48 ans, qui a connu à plusieurs reprises l’enfermement et la prison, en particulier lors du rapt d’un avocat stagiaire lausannois en 1998, restera derrière les barreaux. Le Tribunal correctionnel d’arrondissement de Lausanne a tranché ce lundi 4 avril. Accusé d’avoir abusé à divers degrés d’une quinzaine de mineures en rupture familiale et sociale entre fin 2017 et fin 2019, ce fils adoptif d’un ancien conseiller d’État vaudois persiste à traiter ses accusatrices de menteuses et affirme qu’elles sont mues par un esprit de vengeance à son encontre. Lequel? Nous ne le saurons jamais. Les juges de Montbenon, eux, ont foi dans les récits concordants de ces jeunes filles: ce sera 5 ans de prison ferme.

Qualifications du MP retenues

La Cour retient l’intégralité des qualifications soutenues par le ministère public (MP): les actes d’ordre sexuel avec des enfants de moins de 16 ans, les actes d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes de plus de 16 ans, les actes d’ordre sexuel avec des mineurs contre rémunération ainsi que les actes d’ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance (ndlr. trois cas). Le repris de justice est également condamné pour remise à des enfants de substances pouvant mettre en danger leur santé, infraction grave et contravention à la Loi fédérale sur les stupéfiants (trafic et consommation).

Pas de peine clémente

Lors des débats des 28 et 29 mars, la procureure Carole Deletra avait requis 5 ans et demi de prison ferme à l’encontre du prédateur vaudois, soulignant la haute crédibilité des témoignages récoltés et un mode opératoire identique à chaque fois: profiter de la vulnérabilité de ces gamines et de leur perte de repères pour en faire ses proies. Pour se les approprier, s’amuser avec elles et développer une emprise qu’elles étaient incapables de cerner au moment des faits. Du côté de la défense, c’est une peine clémente assortie du sursis, qui avait été plaidée, voire inférieure aux 28 mois déjà purgés en détention provisoire. Les avocats du prévenu avaient critiqué les déclarations des accusatrices, les jugeant partielles ou fausses, leur manque de sincérité et l’absence de preuves tangibles. 

«Nous saluons le courage des victimes»

Le président du Tribunal de Lausanne

Pour les juges lausannois, le cocaïnomane a bien abusé de la détresse, psychologique et financière, de ces très jeunes femmes pour les cibler. Oui, il les a poussées à la dépravation lors de soirées chez lui où l’alcool et la drogue (shit, ecstasy, cocaïne) circulaient; à des gages à connotation sexuelle lors de jeux de société; à des nuits de débauche; à consommer de la cocaïne; à se baigner dans son jacuzzi quasi nues; à leur faire subir des attouchements ou des relations sexuelles monnayées (ndlr. argent, cadeaux), ou pas. «Le Tribunal tient à saluer le courage et la lucidité des victimes. Leurs témoignages corroborants ne laissent pas de place au doute. Il n’y a pas lieu d’avoir la moindre hésitation. Elles n’avaient aucune raison de mentir pour se venger, ce que prétend le prévenu».

Culpabilité accablante

S’agissant de la culpabilité du Vaudois, la Cour l’estime accablante: «On dira que son activité était pluridisciplinaire (drogue, alcool, sexe). Son mobile? Assouvir son désir sexuel. Son seul moteur, c’est son égoïsme bien loin de son costume de bon samaritain. Il vise la satisfaction de ses propres besoins et de ses pulsions sexuelles. On peut même parler de vanité. Il se vantait même de son passé criminel auprès de ces jeunes mineures influençables et fragilisées. Il a gravement porté atteinte à leur santé. Nous ne lui trouvons aucune circonstance atténuante». Rappelons qu’il n’a jamais été soumis à une expertise psychiatrique tout au long de cette procédure, les conditions n’étant pas réunies. Autrement dit, aucune partie n’a douté de sa responsabilité pénale, pleine et entière.

Preuves égarées

Au moment de son interpellation le 1er décembre 2019 - la police l’avait arrêté à son domicile de l’époque, un chalet à Vercorin (VS), au lit avec une mineure de 15 ans alcoolisée et sous THC -, l’accusé était dans le radar de la justice depuis janvier 2019 suite à la dénonciation du Service de protection de la jeunesse (SPJ) pour quatre cas. Son arrestation, suivie de son incarcération, aura traîné malgré d’autres alertes et l’enquête aura duré, duré, duré. Jusqu’au procès de mars 2021, jusqu’au rebondissement ultime: la perte par l’enquêteur principal de photos et de vidéos accablantes fournies par la seule plaignante qui se sera acharnée pour sa fille. Et pour treize autres finalement identifiées.

Mère Courage déçue

Une seule mère Courage, sans avocat, pour faire suspendre le procès de mars 2021, effarée de découvrir que toute son enquête parallèle avait disparu. Et pour convaincre le président de céans de renvoyer le dossier pour complément d’instruction au Parquet, également interloqué de cette perte de supports inexpliquée. De sept mineures qui racontaient déjà le même scénario, l’accusation est passée à quatorze. Confondu, acculé par ces jeunes filles âgées parfois de tout juste 14 ans, le père de quatre enfants ne s’est pas démonté pour autant à l’audience de reprise des 28 et 29 mars et a continué à nier l’essentiel des faits.

Tout porte à croire qu’il fera appel de sa condamnation. Il a déjà effectué pratiquement la moitié de sa peine de 5 ans. Un coup de poignard pour la maman plaignante, dont la hantise est qu’il recommence dès sa sortie.
 

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