Football – Analyse: Fabio Celestini, agitateur de systèmes

Publié

FootballAnalyse: Fabio Celestini, agitateur de systèmes

L’entraîneur de Lucerne aime pouvoir adapter son schéma de jeu aux adversaires. Contre Lausanne (1-1) dimanche, cela a déterminé l’animation de son équipe, notamment lors d’une 1re période compliquée.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk
Face à Lausanne, Fabio Celestini a utilisé plusieurs approches.

Face à Lausanne, Fabio Celestini a utilisé plusieurs approches.

freshfocus

Tout part d’un leurre. La télévision y participe. En projetant des compositions d’équipe avant le début des rencontres, elle ancre dans la tête du suiveur un schéma. Mais dans le football, il est de plus en plus commun d’insister sur l’idée qu’il n’y a pas un système, mais une animation. Rien n’est figé. Façon de ne pas se focaliser sur les systèmes de jeu.

Mais ils restent une base, un point de départ. Il y a les équipes qui s’attachent à une seule organisation, qui définit ensuite les mouvements avec et sans ballon, et il y a les autres qui les font varier. Fabio Celestini appartient à la deuxième catégorie. L’entraîneur du FC Lucerne ne change pas tout le temps, mais il a le curseur facile. Il aime pouvoir adapter son équipe à l’approche adverse. Il l’a fait de manière marquée lors du 1-1 à Lausanne dimanche. Le système constitue pour lui une variable d’ajustement.

Un 6-3-1 très défensif

Le moment pour mettre en exergue cette caractéristique était bien choisi. Car le Lausanne version Ilija Borenovic a une flexibilité avec et sans ballon. Et l’enjeu pour Celestini était de s’adapter à ces deux visages. L’animation dépendant alors du système. Ce fut même spectaculaire. Notamment sans ballon. Face au 3-4-3 vaudois (où Husic participait à la relance à gauche, alors que Chafik et Coyle occupaient les ailes), l’idée était de protéger toute la largeur du terrain. Au point de présenter une organisation qui se rapprochait d’un 6-3-1. À savoir que les ailiers Ndiaye et Ugrinic descendaient très bas, pour suivre les deux extérieurs du LS.

Le système lucernois est bas, avec une ligne de 6 défenseurs pour s’opposer au 3-4-3 lausannois. Ugrinic descend par exemple très bas en position de latéral gauche, pour surveiller Chafik. Le Lucernois le plus haut est Campo, au marquage de Kukuruzovic.

Le système lucernois est bas, avec une ligne de 6 défenseurs pour s’opposer au 3-4-3 lausannois. Ugrinic descend par exemple très bas en position de latéral gauche, pour surveiller Chafik. Le Lucernois le plus haut est Campo, au marquage de Kukuruzovic.

En a résulté un bloc très bas, extrêmement attentiste. Lausanne avait donc du temps à la construction et pouvait s’échanger les ballons entre les trois centraux. Mais Lucerne avait pour objectif d’empêcher l’accès aux milieux Kukuruzovic et Thomas. Ainsi, Campo, faux neuf avec ballon, suivait à la trace le capitaine des Vaudois. Pendant que les milieux Gentner et Wehrmann sortaient sur Husic et Grippo, pour fermer les éventuelles lignes de passe.

Avec quelle réussite? Très moyenne, puisque tout cela a coïncidé avec les meilleures périodes lausannoises. En fait, le LS trouvait les failles. Elles étaient notamment dans les décrochages de Amdouni et Mahou, dans les demi-espaces (entre l’axe et les ailes). Dans l’idée de Celestini, tâche était donnée aux latéraux nominaux (Schulz et Sidler) de les suivre. Avec certaines incompréhensions. Et surtout la possibilité offerte à Chafik et Coyle d’attaquer les espaces dans la profondeur laissée sur les côtés. Pas forcément bien protégée par Ndiaye et Ugrinic.

Déstabiliser les lignes lausannoises

À l’opposé de ce 6-3-1, Lucerne avait bien évidemment un plan avec ballon. Lequel avait forcément pour objectif de faire dérayer le 4-4-2 en bloc médian lausannois. Le système choisi était là mouvant: un 4-3-3 sur le papier, avec un Campo en faux numéro neuf pour décrocher (et s’apparenter à un 4-4-2 en losange). Ce qui pouvait aussi se transformer en 3-4-3 lorsque la phase offensive avançait, avec Emini pour se placer entre les deux centraux. L’intérêt étant surtout de pouvoir créer un surnombre au départ des actions pour éliminer la paire d’attaquants composée d’Ouattara et Amdouni.

Pour ce qui de l’intention globale, l’objectif relevait principalement de déléguer les côtés aux latéraux Schulz et Sidler pour charger l’axe à des hauteurs différentes. Et donc compliquer les choses du milieu à plat de Borenovic. En effet, les déplacements des Lucernois à l’intérieur du jeu leur permettaient de combiner dans des petits espaces et de contraindre les défenseurs et milieux du LS à se désorganiser, puisque n’ayant pas de points de référence fixe dans leurs zones respectives.

Voilà pour l’idée de départ. Mais menés 1-0 au quart d’heure sur une superbe frappe de Kukuruzovic, Lucerne et Celestini n’ont eu d’autres choix que de s’adapter. En optant par exemple en fin de match pour un 4-2-2-2, toujours aussi mouvant et qui se souciait plus d’aller chercher haut Lausanne que d’attendre. Et, offensivement, l’exploitation des demi-espaces était probante: elle permettait notamment à Tasar et Ugrinic d’être touchés entre les lignes. Pour aboutir finalement au 1-1 du second nommé. Après un début de saison difficile, la flexibilité de Celestini commence à porter ses fruits.

Ton opinion