BalkansLes affrontements meurtriers suscitent un malaise au Kosovo
Meurtre d’un policier, fusillades, déploiement de soldats: les derniers événements qui agitent le pays des Balkans sont révélateurs des tensions qui y règnent entre les communautés.
Une semaine après les affrontements meurtriers au Kosovo, qui y ont déclenché l’une des plus graves escalades des tensions depuis des années, la possibilité d’un rapprochement entre les Albanais et les Serbes semble être plus éloignée que jamais.
Le meurtre d’un policier kosovar albanais par un commando paramilitaire, dimanche, dans une embuscade, et la fusillade qui a suivi, en faisant trois morts parmi le commando – des Serbes du Kosovo –, ont fait remonter à la surface des années de méfiance et d’amertume.
La guerre des mots éloigne le dialogue
Vendredi, les États-Unis ont mis en garde sur «un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo» et ont appelé la «Serbie à retirer» ses troupes. Samedi, dans la région de Raska, ville du sud de la Serbie proche de la frontière avec le Kosovo, aucun mouvement particulier ou aucune présence accrue des forces armées serbes n’était visible.
En même temps, les autorités de la Serbie et celles de son ancienne province – dont Belgrade ne reconnaît pas l’indépendance proclamée en 2008 –, se sont livrées à une guerre des mots et d’accusations qui risque d’éloigner davantage leurs positions dans un dialogue voulu par Bruxelles.
Ces violences ont eu lieu dans le village de Banjska, dans le nord du Kosovo, une zone où les Serbes sont majoritaires. Un tiers des 120’000 Serbes du Kosovo (1,8 million d’habitants) vivent dans cette région frontalière de la Serbie. Soutenus par Belgrade, ils refusent toute allégeance au gouvernement du Kosovo.
«Ils ne veulent pas vivre ensemble»
Dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, ses habitants disent craindre désormais une présence accrue des forces spéciales de la police kosovare. «J’ai peur de la répression que nous avons déjà connue. Un policier a été tué, et c’est terrible. Maintenant, je ne peux qu’imaginer ce qui va suivre», a dit un Serbe de 38 ans, sous le couvert de l’anonymat. «Je veux juste une vie normale, et ce n’est pas une vie normale. Je pense que, après ce qui s’est passé, toute la communauté sera stigmatisée.»
Les habitants essentiellement albanais de la capitale, Pristina, rejettent, comme le gouvernement kosovar, la responsabilité des dernières violences sur Belgrade. «La Serbie est responsable de ce qui s’est passé. La réconciliation avec les Serbes dans le nord est possible. Pourquoi ne pas vivre ensemble? Mais ils ne veulent pas», dénonce Mevluda Hoxha, une Albanaise de 64 ans.
«La réconciliation sera possible si les provocations répétées cessent», dit Agim Maloku, 60 ans, un économiste de Pristina, qui ajoute qu’une éventuelle partition du territoire pour céder le nord aux Serbes et faire la paix n’est pas envisageable. «Le nord fait partie du Kosovo et restera partie intégrante du Kosovo.»
Difficiles négociations
Les dernières discussions à Bruxelles, en septembre, ont débouché sur un échec. Alors que la partie serbe souhaite obtenir une forme d’association des municipalités serbes dans le nord, à savoir une certaine autonomie, la partie kosovare réclame avant toute discussion la reconnaissance, par Belgrade, de l’indépendance du Kosovo.