Fusion nucléaire: «Le plus grand défi technologique jamais entrepris par l’humanité»

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Fusion nucléaire«Le plus grand défi technologique jamais entrepris par l’humanité»

Mardi, les États-Unis ont annoncé une percée historique dans le domaine de la fusion nucléaire. On fait le point sur cette technique qui pourrait révolutionner la production d’énergie.

Contrairement à la fission, la fusion ne comporte aucun risque d’accident nucléaire.

Contrairement à la fission, la fusion ne comporte aucun risque d’accident nucléaire.

AFP

Le Département américain de l’énergie a annoncé, mardi, une «avancée scientifique majeure» dans le domaine de la fusion nucléaire: pour la première fois, une expérience «a produit davantage d’énergie à partir de la fusion que l’énergie des lasers utilisée» pour provoquer la réaction.

Depuis des décennies, les scientifiques cherchent à faire de cette manière de produire de l’énergie une réalité. Ses avantages sont nombreux: elle ne génère pas de CO2, moins de déchets radioactifs, et ne présente pas de risques d’accidents nucléaires. Le point sur son fonctionnement, les projets en cours et quand ils pourraient aboutir.

L’énergie des étoiles

La fusion nucléaire diffère de la fission, technique utilisée actuellement dans les centrales nucléaires, qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds. La fusion est le processus inverse: on fait fusionner deux noyaux atomiques légers (de l’hydrogène) pour en créer un lourd (hélium), ce qui libère de l’énergie. C’est ce processus qui est à l’œuvre dans les étoiles, dont notre Soleil. «Contrôler la source d’énergie des étoiles est le plus grand défi technologique jamais entrepris par l’humanité», a écrit sur Twitter le physicien Arthur Turrell, auteur du livre «The Star Builders».

Deux méthodes distinctes

La fusion n’est possible qu’en chauffant de la matière à des températures extrêmement élevées (de l’ordre de plus de 100 millions de degrés). «Donc il faut trouver des moyens pour isoler cette matière extrêmement chaude de tout ce qui serait susceptible de la refroidir. C’est la problématique du confinement», a expliqué à l’AFP Erik Lefebvre, chef de projet au Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

La première méthode est la fusion par confinement magnétique. Dans un immense réacteur, des atomes légers d’hydrogène (deutérium et tritium) sont chauffés. La matière est alors à l’état de plasma, un gaz à très basse densité. Elle est contrôlée à l’aide d’un champ magnétique, obtenu à l’aide d’aimants. C’est la méthode qui sera utilisée pour le projet international ITER, actuellement en construction en France, et celle employée par le JET (Joint European Torus) près d’Oxford.

Une deuxième méthode est le confinement inertiel. Là, des lasers de très forte énergie sont envoyés à l’intérieur d’un cylindre de la taille d’un dé à coudre, contenant l’hydrogène. C’est la technique utilisée par le Laser Megajoule (LMJ) français, ou le projet le plus avancé en la matière, le National Ignition Facility (NIF) américain. Le but de ces derniers est davantage de démontrer le principe physique, quand la première méthode cherche à reproduire une configuration proche d’un futur réacteur à fusion.

Où en est-on?

Depuis des décennies, les scientifiques cherchent à faire en sorte que l’énergie produite par la fusion nucléaire dépasse celle utilisée pour provoquer la réaction. C’est cette percée qui a été annoncée mardi par le NIF américain. Démontrer qu’obtenir un «gain net d’énergie» est effectivement possible est une étape majeure, qui a enthousiasmé de nombreux scientifiques dans le monde avant même sa confirmation.

Mais «le chemin est encore très long» avant «une démonstration à une échelle industrielle et qui soit commercialement viable», avertit Erik Lefebvre. Selon lui, de tels projets prendront encore vingt ou trente ans à aboutir. Parmi les défis: augmenter l’efficacité des sources lasers et reproduire l’expérience à des cadences beaucoup plus fortes.

Pourquoi tant d’engouement?

Contrairement à la fission, la fusion ne comporte aucun risque d’accident nucléaire. «Si jamais il manque quelques lasers qui ne se déclenchent pas au bon moment, ou si jamais le confinement du plasma par le champ magnétique (…) n’est pas parfait», la réaction va tout simplement s’arrêter, explique Erik Lefebvre. De plus, la fusion nucléaire produit moins de déchets radioactifs que les centrales actuelles. Surtout, elle ne génère pas de gaz à effet de serre.

«C’est une source d’énergie totalement décarbonée, qui génère très peu de déchets et qui est intrinsèquement extrêmement sûre», résume Erik Lefebvre. Ce qui en fait «une solution d’avenir pour les problèmes d’énergie à l’échelle du globe». Toutefois, en raison de son stade de développement encore précoce, elle ne représente pas une solution immédiate à la crise climatique et au besoin de transition rapide des énergies fossiles.

(AFP)

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