«Les lobbies de l’industrie font la pluie et le beau temps»

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Alcool et tabac en Suisse«Les lobbies de l’industrie font la pluie et le beau temps»

Addiction Suisse s’en prend au parlement fédéral, qui voterait presque sans cesse dans le sens inverse de la volonté de la population.

Yannick Weber
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Yannick Weber
La fondation demande de longue date une augmentation des prix de l’alcool en Suisse, notamment pour protéger les jeunes.

La fondation demande de longue date une augmentation des prix de l’alcool en Suisse, notamment pour protéger les jeunes.

20min/Simon Glauser

Le parlement vote, la population vote, sans que le résultat ne soit toujours le même. Ou même le parlement vote toujours l’inverse de ce que voudrait la population. C’est en tout cas le constat de la fondation Addiction Suisse, qui publie mardi son «Panorama 2023». «Le Parlement est en décalage avec la volonté populaire», estime-t-elle.

Elle cite plusieurs exemples. La population a voté pour l’initiative sur l’interdiction de la publicité pour le tabac qui s’adresse aux jeunes. Le parlement, lui, recommandait de la rejeter. La Migros, ensuite: les membres de la coopérative ont, dans tout le pays, refusé la vente d’alcool dans les rayons, alors que les instances dirigeantes l’avaient souhaité. Conclusion d’Addiction Suisse: la population est demandeuse de mesures de restrictions de l’accessibilité des produits addictifs, alors que le monde politique et économique veut l’inverse.

Changement de cap sur le cannabis

En effet, la loi, elle, tend à s’assouplir. Dernier exemple cité: «La levée de l’interdiction de vendre de l’alcool sur les aires d’autoroutes ne répondait pas non plus à un souhait du public; elle est le fruit du lobbying.» Seul cas où Addiction Suisse trouve que la politique «suit le mouvement populaire», c’est en matière de cannabis. Tant la population que les élus semblent prêts à une régulation du marché. Or Addiction Suisse estime que, là aussi, ce ne sont pas des motivations de santé publique qui sont à l’œuvre. «Des considérations économiques et la perspective de nouveaux débouchés ont toutefois sans doute aussi joué un rôle», écrit-elle.

Agir sur les prix

«L’alcool est beaucoup trop bon marché en Suisse», estime Addiction Suisse, qui cite une étude internationale qui pointe du doigt une augmentation des cas de cancer liés à la consommation d’alcool. Certains pays tendent à augmenter les taxes, ce que revendique la fondation suisse. «En comparaison européenne, l’impôt sur l’alcool est modique en pour cent du produit de vente final dans notre pays: le vin n’est pas taxé, l’impôt sur la bière (3,3%) est le quatrième plus bas d’Europe et celui sur les spiritueux (23,8%) se situe lui aussi très en dessous de la médiane européenne: 30,6%.»

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